Pour commencer, un petit retour en arrière… Le 6 octobre 2008, le premier ministre islandais de l'époque, Geir Haarde, a tenu un discours terrible à la nation. Il révélait à ses concitoyens que trois grandes banques islandaises venaient de s'écrouler, et qu'elles emportaient dans leur chute des pans entiers de l'économie du pays. «Nous courons droit à la faillite du pays», avait-il prévenu.
Du jour au lendemain, les Islandais, qui se croyaient parmi les peuples les plus riches du monde, se sont retrouvés au bord du gouffre économique. Le taux de chômage est passé de 2,3% (premier trimestre de 2008) à 9,1% (deuxième trimestre de 2009), les 16-24 ans étant les plus touchés, avec un taux de 22%. La couronne islandaise a perdu quelque 36% de sa valeur par rapport aux principales devises étrangères. Et l'Indice des prix à la consommation a bondi de 27% entre novembre 2007 et novembre 2009.
Une anecdote résume le choc que tout cela a été pour les Islandais : le jour où le premier ministre a tenu son discours, et les jours suivants, les urgences dans hôpitaux islandais ont enregistré un nombre anormalement élevé de crises cardiaques...
Aujourd'hui, les cinq chercheuses disposent de données suffisamment précises sur ces événements pour les analyser. Elles ont utilisé les sondages annuels Heilsa og líðan de 2007 et 2009, qui portent sur la santé et le style de vie des Islandais. Car ils fourmillent d'informations sur, entre autres, le régime alimentaire, la consommation d'alcool, l'exercice physique et le sommeil. Ou encore, sur le nombre d'heures passées au travail et les revenus.
Elles ont sélectionné un échantillon de 9 807 personnes âgées entre 18 et 79 ans. Puis, elles ont regardé les différences éventuelles entre les données d'avant et d'après l'annonce de la récession économique. Résultats? Surprenants…