D'autres paramètres peuvent avoir une incidence sur notre décision. Le deuxième est «le caractère moral de la personne sacrifiée». Par exemple, nous aurions a priori beaucoup moins de scrupules à pousser le gros bonhomme si nous savions que c'était lui qui avait saboté les freins du tramway et qu'il jubilait en regardant le drame se produire, ou encore si nous savions qu'il était un violeur d'enfants ou un tueur en série.
Enfin, le troisième paramètre est «la nature de notre relation avec la victime collatérale». C'est bien simple, il nous serait beaucoup plus dur de sacrifier le gros bonhomme s'il était notre père ou notre frère, au lieu d'être un pur inconnu pour nous.
On le voit bien, plus on dispose d'informations, plus le choix devient complexe. Et en même temps, on ne peut se résoudre à trancher à partir de peu d'informations, car le risque d'erreur grossière est dès lors élevé. D'où l'intérêt d'aborder le problème autrement, comme le suggère M. Jeangène Vilmer…
«Face à un dilemme, on peut d'abord tenter de trouver une troisième voie, en évitant d'avoir à choisir entre deux maux. Jack [Bauer] est particulièrement fort à ce jeu – à tel point qu'il est lui-même la troisième voie du président américain, sa manière de contourner les dilemmes. Lorsque les terroristes font chanter le président, le menaçant de tuer des millions de personnes s'il ne satisfait pas leurs demandes, il est placé dans un dilemme insoluble et Jack lui trouve généralement une porte de sortie.
«Lorsqu'une troisième voie n'est pas possible et qu'il faut donc sacrifier quelque chose ou quelqu'un, deux théories morales prétendent pouvoir annuler le dilemme :