Il est gagnant pour le Canada, disent-ils, de laisser aux étrangers la possibilité de prendre le contrôle de nos entreprises afin que les nôtres puissent continuer de grandir en faisant de même à l'étranger.
Pareil argument ne fait que fausser la discussion. Il ne s'agit pas en fait d'empêcher les étrangers d'acheter nos entreprises, mais simplement nos fleurons. Une société de 32 millions d'habitants a en effet beaucoup plus à perdre au jeu du capitalisme sans contrainte qu'une société de 300 millions d'habitants. La grosse société peut finir par vider les plus importants sièges sociaux de sa voisine et s'emparer d'une grande partie de ses avancées intellectuelles et technologiques; l'autre ne le pourra jamais. Son profil socio-économique est beaucoup moins menacé.
Que feront les Conservateurs avec les télécom et le transport?
C'est désormais la plus intéressante des questions. Car elle permettra de savoir assez rapidement si le gouvernement entend réellement rompre avec les désavantages du "free market capitalism" à tout crin et donner une interprétation plus large à la clause de protection nationale.
Depuis quelques mois l'on parle de permettre aux étrangers de prendre le contrôle d'entreprises dans le secteur des télécommunications, de la radiodiffusion et du transport aérien.
Il y a d'importants sièges sociaux dans ces secteurs: BCE, Rogers, Telus, Quebecor, Air Canada er Westjet, etc.
Des actifs que l'on pourrait mettre à risque d'affaiblissement sous prétexte qu'il faut accroître leurs capacités de financement. Or, à ce jour, il n'y a pas vraiment eu de difficultés de financement sur le marché intérieur.
Pourquoi mettre à risque ces sociétés, alors que le statu quo permet déjà de les protéger sans remous extérieurs?
Bien hâte d'entendre la réponse du gouvernement.