Les vrais désavantages de ces transactions sont d'une autre nature. Elles transforment presque toujours des sièges sociaux effectifs en sièges sociaux factices. Le fleuron acheté perd tout contrôle sur l'allocation des capitaux qu'il génère. Plutôt que d'investir dans le développement de projets, il faudra souvent envoyer pendant plusieurs années les liquidités que l'on produit à la compagnie mère afin qu'elle puisse rembourser sa nouvelle dette et rassurer ses banquiers. Cette société mère cherchera du même coup à faire de l'attrition dans différents services de la compagnie acquise pour augmenter sa rentabilité et rembourser plus vite cette dette. Du coup, ce sont des emplois de qualité qui disparaissent au pays.
On ne peut s'empêcher de noter que les investissements prévus d'Alcan au Québec ont connu un sévère ralentissement à la suite de son acquisition par Rio Tinto. Il y a bien entendu eu une crise économique, mais il y a aussi une solide dette chez Rio Tinto…
Là ne s'arrêtent pas les inconvénients de ces transactions. Laissez aller Research in motion à Motorola, ses avancées technologiques et ses secrets seront rapidement relayés dans les laboratoires étrangers, et c'est probablement eux qui prendront un jour la place de nos chercheurs.
Réactions à prévoir
BHP a 30 jours pour soumettre une nouvelle proposition au gouvernement. Il est douteux qu'elle puisse l'infléchir. Aucune garantie ne peut réellement venir contrer les désavantages de cette transaction. Potash a en outre déjà toutes les capacités financières nécessaires à son développement, et ses actionnaires ne devraient pas être trop mécontents puisque beaucoup d'analystes estiment que sa valeur est de toute façon supérieure à l'offre de BHP.
La décision d'Ottawa pourrait néanmoins générer un certain nombre de commentaires défavorables dans les prochains jours chez les partisans à tout crin de la libre circulation des capitaux.