Cette diversification tous azimuts se fait notamment par des opérations de fusions-acquisitions – Instagram, WhatsApp, Oculus, etc. Entre 2012 et 2014, Facebook a déboursé 21,5 G$ en investissement et en achat d’entreprises. Et ce n’est pas fini : « 2015 sera pour nous une année charnière au plan des acquisitions et il faudra s’attendre à des annonces d’envergure », a prévenu en octobre dernier le pdg de 30 ans lors de la présentation des derniers résultats financiers de Facebook.
La question saute aux yeux : mais d’où vient tout cet argent ? La réponse est tellement évidente qu’elle passe presque inaperçue : de l’exploitation des données de chaque utilisateur multiple. Des données si riches et si précieuses qu’elles dépassent les rêves les plus fous des annonceurs. Ceux-ci peuvent en effet tout savoir de vous. Je souligne, absolument tout, y compris vos petits secrets gênants : votre début de presbytie ou de calvitie (à partir de vos selfies et des sites que vous consultez à ce sujet), ou encore votre prochain divorce (à partir de vos magasinages en ligne pour votre maîtresse et de vos recherches d’un avocat spécialisé). Et ce, grâce à l’analyse de tout ce que vous faites sur Facebook… et au-dehors, puisque ses cookies vous suivent partout en ligne et permettent de faire d’ébouriffants recoupements d’informations.
Les annonceurs sont, du coup, en mesure de faire vibrer les cordes sensibles de fragments précis d’utilisateurs multiples de Facebook. À condition, bien entendu, d’y mettre le prix. Ce qu’ils font sans rechigner : rien qu’au dernier trimestre, la californienne a empoché des revenus de 3,2 milliards de dollars issus de la publicité.
Mark Zuckerberg avait frappé les esprits en 2010, le jour où il avait proclamé : « Facebook est gratuit et le sera toujours ». Personne ne l’avait crû, et pourtant il faisait une promesse qu’il savait qu’il tiendrait. Car cela lui permet d’avoir ce qu’il y a de plus précieux en vous : non pas votre argent, mais l’ADN de votre personnalité. CQFD.
Pour finir, j’aimerais partager avec vous une leçon apprise d’Isabelle « No Mercy » Mercier. La joueuse de poker professionnelle m’a confié lors d’une entrevue qu’il fallait suivre une règle fondamentale lorsqu’on s’asseyait à une table de poker : chercher le pigeon. « Regarde comment les uns et les autres jouent, jusqu’à ce que tu repères celui qui va se faire plumer. Si tu ne le vois pas, eh bien, c’est que le pigeon… c’est toi ! »
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