Les États-Unis, par exemple, sont sur le point de connaître une résurgence de l’énergie nucléaire.(Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Après son intervention en Ukraine tout le monde parlait de la consommation d’énergie et craignait que l’Europe notamment manque de lumière (le mot est bien choisi) en hiver, car la Russie couperait littéralement les vannes du gaz.
Deux ans après, la diversification des sources d’approvisionnement et les températures plus élevées ont dissipé les craintes. Très bien nous direz-vous. Cependant, c’était sans compter sur une explosion de la demande qui menace littéralement l’offre actuelle: l’intelligence artificielle.
Les faits
Lors du dîner annuel des PDG de Fortune à Davos le PDG d’Amazon, Andy Jassy, a déclaré que bien que les discussions sur l’intelligence artificielle (IA) aient eu tendance à éclipser les discussions sur le climat à Davos cette année, Andy Jassy a souligné que les deux étaient étroitement liées.
«Ces grands modèles de langage sont très gourmands en énergie, et il n’y a tout simplement pas assez d’énergie à l’heure actuelle. Nous allons donc devoir relever un double défi en tant que groupe: trouver beaucoup plus d’énergie pour satisfaire les besoins des gens et ce que nous pouvons faire pour la société grâce à l’IA générative. Mais nous devons le faire de manière renouvelable, avec un bilan carbone neutre ou nul. Nous ne pouvons pas revenir au charbon».
Le pavé a été lancé dans la marre: face à l’avancée technologique (de l’IA notamment) et l’utilisation de centres de données il va falloir plus d’énergie. Beaucoup plus.
Une inquiétude qui remonte à 2021
En 2021, l’Environmental Research écrivait déjà qu’une grande partie des données mondiales étaient stockées, gérées et distribuées par des centres de données.
Selon l’association, le fonctionnement des centres de données nécessite une énorme quantité d’énergie, représentant environ 1,8% de la consommation d’électricité aux États-Unis!
De grandes quantités d’eau sont également nécessaires pour faire fonctionner les centres de données, à la fois directement pour le refroidissement des liquides et indirectement pour produire de l’électricité.
L’Environmental Research a pour la première fois calculé en 2021 les empreintes carbone et eau spatialement détaillées des centres de données opérant aux États-Unis, qui abritent environ un quart de tous les serveurs de centres de données au niveau mondial.
Leur approche ascendante a révélé qu’un cinquième de l’empreinte hydrique directe des serveurs de centres de données provenait de bassins versants soumis à un stress hydrique modéré ou élevé, tandis que près de la moitié des serveurs étaient entièrement ou partiellement alimentés par des centrales électriques situées dans des régions soumises à un stress hydrique.
Environ 0,5% des émissions totales de gaz à effet de serre aux États-Unis sont attribuées aux centres de données.
Quels sont les chiffres de la démesure?
La quantité de données créées chaque année est passée de 2 zettaoctets en 2010 à 44 zettaoctets (44 trillions de gigaoctets) en 2020. Cette évolution a fait exploser la demande de stockage et de traitement des données, ce qui a conduit à la construction d’énormes centres de données dans le monde entier.
Selon les données de 2023 de Cushman & Wakefield, on constate ci-dessous les plus grands marchés de centres de données dans le monde.
Aujourd’hui, on estime qu’il existe plus de 8 000 centres de données dans le monde.
Nombre de ces centres sont regroupés en raison d’une infrastructure avantageuse et des dispositions prises par les gouvernements locaux et les services publics. Ils ont également besoin de beaucoup d’énergie, souvent au moins 100 MW pour chaque centre, ce qui fait de la consommation d’énergie l’un des meilleurs moyens de mesurer la taille totale du marché.
Si la majorité de ces marchés de centres de données se trouvent aux États-Unis, certains sont disséminés en Asie et en Europe.
À SUIVRE: combien consomment les États-Unis aujourd’hui?