Vous saisissez, maintenant, quand je dis que l'attachement que l'on peut éprouver à l'égard d'un groupe à la suite d'un drame peut dépasser l'entendement? Cela peut vraiment aller loin. Très loin. Jusqu'au sacrifice de sa personne. Ni plus ni moins.
Faut-il en conclure que l'étude des quatre chercheurs d'Oxford n'apporte-t-elle donc rien de neuf? Pas du tout! Elle apporte même quelque chose de remarquable, à savoir l'explication de ce curieux phénomène. À tout le moins, l'une des principales explications. Qui est que ce qui déclenche cet attachement aux autres, c'est le fait d'avoir été amené à réfléchir à notre propre existence. D'avoir vu la fin si proche. D'avoir perçu toutes les possibilités ouvertes d'un seul coup, puisqu'on est toujours en vie. D'avoir désormais envie de voir et d'aller plus haut et plus loin avec tous ceux qui sont comme nous, oui, tous ceux qui vibrent à présent comme nous.
La déduction est aisée :
> Qui entend empêcher l'implosion de son équipe à la suite d'un échec cuisant se doit de miser sur l'effet de 'fusion identitaire'. Il lui faut inciter chacun à faire une mise au point personnelle, puis à partager le fruit de ses réflexions (du moins, d'une partie d'entre elles) avec tous ceux qui ont vécu la même chose que lui. Pourquoi? Parce que cela déclenchera un liant exceptionnel entre les membres de l'équipe, un liant à la fois instantané et durable, bref, un liant d'une force à nulle autre pareille. Et parce que cela lui permettra d'amener tout le monde à relever fièrement de tout nouveaux projets, y compris les plus audacieux qui soient.
En passant, le tragique grec Euripide a dit dans ses Fragments : «Le courage n'est rien sans la réflexion».
Découvrez mes précédents billets
Mon groupe LinkedIn
Mon groupe Facebook
Mon compte Twitter