Dans la seconde expérience, il a été demandé à une centaine de volontaires de bien vouloir remplir des grilles de mots-croisés pas trop complexes, sachant que chacune permettait de toucher une récompense décroissante : 50 cents pour la première; 45 cents pour la suivante; etc. Comme dans l'expérience précédente, tous les participants n'avaient pas été placés dans les mêmes conditions :
> Un travail reconnu. Certains participants devaient inscrire leur nom à côté de chacune des grilles remplies au moment de la remettre à l'examinateur, lequel la vérifiait, puis la rangeait soigneusement dans un classeur, comme s'il s'agissait là de quelque chose de précieux.
> Un travail ignoré. D'autres participants voyaient chacune de leurs grilles remplies demeurer anonyme et être empilée sur le tas de celles qui ont déjà été remises, sans mériter la moindre attention de la part de l'examinateur.
> Un travail méprisé. Les autres participants voyaient chacune de leur grille remplie aussitôt jetée dans un broyeur, sans le moindre regard de la part de l'examinateur.
Résultats? Tenez-vous bien, car ils risquent de vous déstabiliser :
> Avantage au travail reconnu. Ceux dont le travail était reconnu par l'examinateur ont remis à celui-ci, en moyenne, 9,81 grilles correctement remplies. Ce qui est une performance nettement meilleure que celle des autres : ceux dont le travail était ignoré ont remis, en moyenne, 8,48 grilles; et ceux dont le travail était méprisé, 7,53. Et ce, même si - je le souligne - ceux dont le travail était ignoré ou méprisé pouvaient tricher en toute impunité, puisque l'examinateur de regardait pas si les grilles données étaient correctement remplies, ou pas!
> Avantage supplémentaire au travail reconnu. Il suffisait d'un rapide calcul pour savoir qu'au bout de 10 grilles remplies, un participant ne touchait plus d'argent. Il n'y avait alors plus aucun incitatif financier à poursuivre le travail. Et pourtant - accrochez-vous bien, je le répète -, 60% des participants dont le travail était reconnu ont continué! Pourquoi? «Parce que l'important, à leurs yeux, n'était pas la prime, mais bel et bien la reconnaissance de leur travail», indiquent les deux chercheurs chiliens.
Époustouflant, n'est-ce pas? Ces deux expériences ont permis de mettre au jour un truc ultrasimple pour obtenir que des personnes donnent leur 110% sans aucune contrepartie financière! Oui, un truc on ne peut plus aisé à mettre en oeuvre dans n'importe quel milieu de travail :
> Qui entend voir ses employés donner leur 110% se doit de donner du sens à leur travail et d'y accorder une reconnaissance à la hauteur des efforts fournis. Il lui faut non pas miser sur une éventuelle prime pour les voir redoubler d'efforts, mais bel et bien s'intéresser profondément à ce que chacun réalise pour le bien commun. Et le tour est joué!
En passant, le poète français Louis Aragon a dit dans l'un de ses textes pour L'Humanité : «C'est par le travail que l'homme se transforme».
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