Cette idée m’est venue après avoir découvert une étude intitulée Intrinsic chess ratings, signée par Kenneth Regan, professeur d’informatique de l’University of Buffalo (Etats-Unis), et Guy Haworth, professeur d’ingénierie de l’University of Reading (Grande-Bretagne). Celle-ci visait à regarder si les champions du jeu d’échecs s’amélioraient avec le temps, ou non. Et leur découverte – ô combien surprenante! - à des répercussions qui dépassent largement le domaine des échecs, qui nous touchent tous, vous comme moi, dans notre quotidien au travail…
Ainsi, les deux chercheurs ont eu l’idée originale de ne pas regarder les performances des meilleurs joueurs lors des tournois (à savoir s’ils accumulent de plus en plus de victoires et de moins en moins de défaites au fil des années), mais… chacun de leurs coups joués en compétition! Oui, ils ont analysé chacun de leurs coups et étudié si ceux-ci étaient meilleurs au fil des parties.
Comment s’y sont-ils pris? Ils ont tout d’abord mis la main sur d’immenses bases de données échiquéennes (ChessBase, etc.), qui répertorient toutes les parties des grands tournois, et ce depuis des décennies. Puis, ils ont fait analyser chaque partie, et chaque coup de celles-ci, par un super-ordinateur : il faut savoir qu’aujourd’hui il existe des programmes informatiques tellement performants qu’ils jouent mieux aux échecs que les êtres humains, que tous les êtres humains, même les derniers champions du monde. Ce super-ordinateur était en mesure d’évaluer chaque coup joué en fonction du meilleur coup qu’il était possible de trouver, et par suite de regarder l’évolution au cours du temps du niveau de jeu d’un joueur en particulier. Et il a fait cela pour tous les meilleurs joueurs d’échecs, durant trois périodes particulières, soit de 1976 à 1979, de 1991 à 1994 ainsi que de 2006 à 2009.
Résultat? MM. Regan et Haworth ont mis au jour le fait que même les champions améliorent leur jeu au fil des années! On aurait pu croire a priori qu’une certaine lassitude aurait émoussé leur jeu, mais non, c’est l’inverse qui se produit. Avec le temps, ils progressent et jouent de mieux en mieux chacun de leurs coups.