Impossible de répondre à une telle interrogation, me direz-vous. Car cela dépend de trop de facteurs à la fois. Eh bien, détrompez-vous. Il est possible de le savoir, grâce à une étude intitulée The experience of failed humor: Implications for interpersonal affect regulation. Laquelle est le fruit du travail de : Michele Williams, professeure de comportement organisationnel à l'Université Cornell (États-Unis); et Kyle Emich, professeur de management à l'École de commerce Fordham (États-Unis).
Les deux chercheurs ont demandé à 127 volontaires de répondre à un questionnaire en ligne, lequel visait à évaluer leur émotivité et leur sens de l'humour. La semaine suivante, ceux-ci ont dû recopier à la main soit des blagues vraiment drôles, soit des blagues ratées, avant de répondre à un nouveau questionnaire, qui portait sur les mêmes points.
Voici ce que cette petite expérience leur a permis de noter :
> Émotions négatives. Ceux qui avaient en tête des blagues ratées ont ressenti des émotions négatives (honte, culpabilité, etc.), ce qui n'a pas été le cas des autres.
> Piètre estime de soi. Ceux qui avaient en tête des blagues ratées ont vu leur estime d'eux-mêmes chuter d'un coup, ce qui n'a pas été le cas des autres.
> Repli sur soi. Ceux qui avaient en tête des blagues ratées ont ressenti le besoin de couper temporairement les ponts avec autrui, et donc de se replier sur eux-mêmes, ce qui n'a pas été le cas des autres.
On le voit bien, l'impact est nettement plus important qu'on ne l'imagine a priori. «Le coût n'est pas qu'individuel, il se répercute directement sur l'équipe elle-même, ce que trop peu de managers réalisent», dit Mme Williams. Et de souligner : «Il ne s'agit pas là d'un simple embarras passager, mais d'un véritable révélateur d'une dynamique d'équipe déficiente, due, par exemple, à la crainte omniprésente de l'échec, ou encore au manque de confiance entre les uns et les autres».