Mais voilà, quel lien, au juste? C'est ce que les deux chercheurs ont voulu savoir, à l'aide de quatre autres expériences. Prenons cette fois-ci la première, la plus déterminante, les trois autres visant surtout à affiner les premiers résultats trouvés.
Il a été demandé à 213 étudiants de Cornell de lire une feuille d'instructions leur demandant de rédiger, pendant cinq minutes, tout ce qu'ils auraient fait en ce moment même, s'ils n'avaient pas été dans le laboratoire pour y participer à l'expérience. La subtilité, c'est que sans le savoir les participants ont été répartis dans deux groupes distincts. Le premier groupe a reçu une feuille d'instructions rédigée de telle manière que ses membres étaient amenés à avoir des pensées positives (il leur était demandé toutes les choses intéressantes et amusantes qu'ils auraient pu faire à la place de l'expérience). Et le second groupe, des pensées loin d'être plaisantes (il leur était demandé de citer des tâches quotidiennes nécessaires à accomplir).
Après cela, les participants ont dû se mettre à une table où un puzzle était en cours de réalisation. On leur a dit qu'ils avaient 15 minutes pour l'avancer, sans obligation de le finir. Enfin, chacun a dû donner des détails précis sur les idées qui leur étaient venues pendant qu'ils cherchaient les bonnes pièces du puzzle, ainsi que sur l'évolution de leurs états d'âme au fil de l'expérience.
Les découvertes sont stupéfiantes. Voici les principales :
– Tous les participants ont rêvassé en faisant le puzzle, à peu près à la même fréquence.
– Ceux qui étaient de bonne humeur (pensées positives avant de se mettre au puzzle) ont eu des rêveries plus agréables que les autres.
– Ceux qui étaient de bonne humeur ont considéré que leurs rêveries provenaient du fait que ce qui leur était demandé de faire (un puzzle) n'était pas intéressant.
– En revanche, ceux qui étaient d'humeur maussade (pensées déplaisantes avant de se mettre au puzzle) ont moins estimé que cela était dû au puzzle.
Intéressant, n'est-ce pas? C'est bien simple, nos rêveries trahissent l'intérêt que nous portons à la tâche que nous sommes en train d'accomplir.