Acceptabilité sociale: Les leçons de la mine d'or Rosia Montana


Édition du 25 Janvier 2014

Acceptabilité sociale: Les leçons de la mine d'or Rosia Montana


Édition du 25 Janvier 2014

Par Suzanne Dansereau

Des fouilles archéologiques dans les vestiges de galeries romaines où l'on minait l'or à Rosia Montana il y a... 2000 ans. Photo: B. Cauuet

Sous-estimer l'opposition

La minière a sous-estimé la force de l'opposition, d'après Ian Thomson. En 2001, à la suite du déversement, une environnementaliste suisse chevronnée, Stephanie Roth, est entrée en scène. Elle a monté une campagne aussi vaste qu'efficace contre Rosia Montana, s'attirant de nombreux appuis, dont ceux du milliardaire hongrois George Soros et de l'actrice Vanessa Redgrave. (M. Soros s'est par la suite retiré de la campagne.)

Lorsque Frank Timis est parti, il a été remplacé par Alan Hills, «un homme bien intentionné», relate de son côté le professeur Witold Henisz, de l'université de Wharton, qui utilise le cas de Rosia Montana dans son cours sur l'acceptabilité sociale. «Mais son approche était trop conflictuelle. Sous sa direction, la minière s'est lancée dans une bataille de relations publiques avec le groupe de Stephanie Roth. Elle a produit un film pour défendre son projet. Une idée stupide, car il n'a fait qu'augmenter les antagonismes.» Ce qu'elle aurait dû faire ? «Poser des gestes concrets au bénéfice de la population, plutôt que de n'offrir que des palabres.»

Agir sur le terrain

L'approche a changé depuis l'arrivée de Jonathan Henry, l'actuel président de Gabriel Resources. Ce dernier a appris la leçon du professeur Witold : «Mes prédécesseurs ont fait beaucoup sur papier, mais pas grand-chose sur le terrain», reconnaît-il en entrevue avec Les Affaires.

M. Henry a entrepris de restaurer et rénover plusieurs maisons du centre-ville de Rosia Montana et l'église, qui étaient délabrées. Il a ouvert un musée des mines - les premières mines dans la région remontent à l'époque romaine - et rafraîchi certaines des anciennes galeries romaines, dépensant à ce jour 30 M$ dans le cadre d'un plan de restauration de 100 M$. Sous son règne, 500 emplois ont été créés.

Gabriel Resources a aussi bâti une usine pilote de traitement de l'eau afin de démontrer à la population qu'il est possible de décontaminer des eaux polluées et de respecter les normes environnementales actuelles de la Commission européenne. (Malgré des tentatives d'interdiction, la Commission permet toujours le recours au cyanure, mais ses normes sont plus élevées que celles qui régissaient les mines roumaines avant son adhésion à l'Union européenne en 2007.) Une équipe de direction entièrement roumaine a été constituée. Elle a organisé des visites en Hongrie, le pays touché par le déversement de 2000.

«Sous le leadership de Jonathan Henry, Gabriel a fait tout ce qu'il est possible de faire pour obtenir l'acceptation sociale, commente M. Witold. La seule arme qu'il lui reste serait d'augmenter les bénéfices pour le gouvernement», actionnaire du projet à 19 %.

Camelia Crisan, l'auteure d'une thèse de doctorat sur l'acceptabilité sociale et Rosia Montana, croit de son côté que les chances sont très minces que le projet voit le jour. Selon elle, même s'il finit par recevoir l'acceptation sociale au niveau local, il ne l'a pas au niveau national. Cela soulève le débat sur les façons de mesurer l'acceptabilité sociale.

L'action de Gabriel Resources, qui valait 8 $ à la Bourse de croissance du TSX en 2011, a chuté à 41 cents lors du rejet du Parlement en décembre et vaut actuellement environ 1 $.

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