Acceptabilité sociale: Les leçons de la mine d'or Rosia Montana


Édition du 25 Janvier 2014

Acceptabilité sociale: Les leçons de la mine d'or Rosia Montana


Édition du 25 Janvier 2014

Par Suzanne Dansereau

Une église othodoxe toute neuve

Quand on l'a, cela assure la réussite d'un projet. Quand on ne l'a pas, cela peut le faire capoter. L'acceptabilité sociale se définit par le fait qu'une population concernée par un projet de développement l'appuie dans ses grandes lignes. En 2014, elle est devenue «incontournable», estime Deloitte. Rosia Montana, projet développé en Transylvanie par une minière canadienne, est en train de faire école.

Cela se passe dans un pittoresque village de montagne appelé Rosia Montana, en Roumanie. La minière vancouvéroise Gabriel Resources veut y construire la plus grande mine d'or à ciel ouvert d'Europe, en livrant 17 millions d'onces d'or et 81 millions d'onces d'argent. Gabriel promet 7 000 emplois directs et indirects et des retombées de 24 milliards de dollars américains pour l'économie roumaine. Alléchant, d'autant plus que le pays est endetté de 20 G$ auprès des grandes institutions prêteuses (dont le FMI et la Banque mondiale).

Mais le projet exige la mutilation de quatre montagnes, un déplacement de population, la destruction de vestiges romains et l'utilisation de 200 000 tonnes de cyanure pour traiter le minerai, dont les résidus s'étendraient sur 300 hectares.

Gabriel Resources travaille sur le projet Rosia Montana depuis 1994. À ce jour, elle a dépensé près de 500 millions de dollars américains pour celui-ci et a déjà déplacé 125 familles.

Mais au moment où la minière attend son certificat d'autorisation environnemental, le projet fait face à une vaste mobilisation populaire, pas seulement locale ou nationale, mais internationale. Et devant cette mobilisation, le gouvernement roumain tergiverse. Son chef se dit «contre à titre personnel» mais «pour à titre de premier ministre».

Le 10 décembre, dans le cadre d'une énième tentative de réforme minière, un projet de loi donnant le feu vert au projet a été rejeté par le Parlement. C'était le deuxième rejet en moins de trois mois.

Le patron de Gabriel Resources, Jonathan Henry, dit espérer qu'un projet de loi amendé, qui doit être déposé d'ici la fin de février, dénouera l'impasse. Sinon, il menace le gouvernement roumain d'une poursuite de 4 G$.

Rumeurs de corruption

Selon Ian Thomson, de la firme de consultants en acceptabilité sociale On Common Ground de Vancouver, la plus importante erreur a été commise au tout début, en 1994. À l'époque, le premier président de Gabriel Resources, Frank Timis, un Roumain contemporain du régime communiste de Ceausescu, condamné pour possession d'héroïne en Australie, a complètement ignoré la population locale, composée en grande partie de gens vieux et pauvres. Voulant faire «beaucoup d'argent et vite», M. Timis a usé de ses contacts politiques pour obtenir rapidement les permis d'exploration.

«La population locale s'est sentie bafouée, explique Ian Thompson. Elle se méfiait déjà des politiciens avec qui Timis avait choisi de faire affaire. Très vite, des rumeurs de corruption ont teinté le projet.» Rumeurs qui font maintenant l'objet d'une enquête du procureur général.

En 2000, un important déversement de cyanure en provenance d'une mine voisine (Baia Mare) a pollué l'eau potable destinée à 2,5 millions de personnes et tué 1 200 tonnes de poissons. La tragédie s'est étendue jusqu'en Hongrie. Cet accident a terrifié les gens de Rosia Montana, qui voient le cyanure comme le diable en personne et refusent de croire qu'il peut être éliminé par des méthodes modernes. Gabriel Resources n'a pas réussi à apaiser leurs craintes. «La peur est plus forte que le savoir», dira Jonathan Henry.

Sous-estimer l'opposition

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