Un second tournoi a par conséquent été mené, entre juin 2012 et avril 2013. Sa formule a été améliorée au passage :
> Les 60 meilleurs prévisionnistes du premier tournoi ont été répartis dans 5 groupes de 12 personnes.
> Certains groupes ont bénéficié de sessions d'entraînement aux prévisions. C'est-à-dire qu'il leur a été appris, entre autres, comment mieux manier les statistiques, afin d'être en mesure d'en dégager les informations pertinentes de celles qui ne le sont pas.
Résultats, cette fois-ci? Voici le principal :
> Avantage aux groupes d'élite. Les prévisions géopolitiques effectuées par les groupes d'élite – c'est-à-dire par des groupes de 12 citoyens quelconques qui avaient brillé lors du premier tournoi – ont été d'une justesse renversante. Elles ont été en moyenne plus précises de 30% que celles des experts des services secrets américains! Oui, 30%, ce qui est carrément phénoménal. Et cette performance allait en s'améliorant au fil du temps, c'est-à-dire à mesure que ces groupes d'élite bénéficiaient de programmes de formation.
Comment expliquer un tel mystère? Comment se fait-il, par exemple, qu'Elaine Rich, une simple pharmacienne d'une soixantaine d'années établie dans le Maryland qui se contente de s'informer sur Google pour faire ses prévisions géopolitiques, batte à plate couture les champions des services secrets américains? L'équipe de chercheurs de M. Tetlock a, bien entendu, tenu à la savoir, et a donc creusé ses données. Cela lui a permis de mettre au jour les trois clés de la réussite en matière de prédiction :
1. La maîtrise de la statistique. Quand quelqu'un cherche à faire des prévisions justes, il a le réflexe de chercher des données, le plus souvent possible chiffrées. Du coup, il convient de savoir manier avec justesse ces chiffres-là, pour en dégager l'information pertinente. C'est pourquoi tous les citoyens quelconques qui ont pu bénéficier d'un programme de formation à la statistique ont vu leur performance s'améliorer à pas de géant.
2. Le travail en équipe. Quand il est bien encadré, le travail en équipe fait toute la différence entre de bons et d'excellents résultats individuels. Pourquoi? Parce que l'équipe permet l'échange d'informations et la discussion d'opinions, ce qui favorise l'élimination des idées reçues – donc erronées – des uns et des autres.
3. L'élitisme. Quand un participant apprenait qu'il allait œuvrer dans une équipe d'élite, sa performance en était aussitôt boostée. L'effet est foudroyant : quand on met les meilleurs ensemble et quand on les encourage continuellement à briller, c'est comme si on dotait chacun de propulseurs.