Regardons ce qui se passe dans l'industrie automobile… Ici et là, circulent des Coccinelle, Mini et 500 revues et corrigées. «Sans oser l'avouer, la Smart aurait-elle été inspirée de l'Isetta, coqueluche trois-roues des années 1950? La forme ovoïde de cette micro-citadine munie d'un moteur deux-temps surprend quiconque la croise ou découvre sa portière unique, située à l'avant. L'Isetta a connu un parcours de fabrication chaotique qui l'a fait circuler chez plusieurs constructeurs. D'une naissance italienne, elle est passée au Brésil, puis en France, ensuite chez BMW en Grande-Bretagne et en Allemagne, sans oublier, après quelques modifications, une virée aux États-Unis, où elle a trouvé 12 800 acheteurs (dont Elvis Presley). Sa course folle s'est arrêtée en 1962.» Un trajet qui n'est peut-être pas terminé : le designer autrichien Tony Weichselbraun a fait l'exercice cette année de redessiner et moderniser l'Isetta, et en a fait un véhicule électrique subtilement dénommé eSetta, qui serait idéal pour la circulation en ville.
L'idée est là : pour faire du neuf, on peut librement s'inspirer du vieux…
«De la créativité? On en découvre chaque jour. Des artistes innovateurs puisent leur imagination dans le cycle de l'upcycling. En 1993, deux graphistes, Makus et Daniel Freitag, cherchaient un sac pour messager : fonctionnel, étanche et solide. Inspirés par le va-et-vient coloré des véhicules industriels qui passaient devant leur appartement, ils ont mis au point un sac-courrier à partir de vieilles bâches de camion, de chambres à air de vélo usagées et de vieilles ceintures de sécurité. Les premiers sacs Freitag étaient nés et, du coup, les deux associés venaient de lancer une nouvelle mode. En 2011, Freitag a fabriqué 300 000 articles de maroquinerie dans leur nouvelle usine de 7 500 mètres carrés au nord de Zurich», raconte M. Metz.
Et voilà le terme : upcycling. Que signifie-t-il, au juste? Grosso modo, c'est un processus visant à transformer de vieux matériaux usagés en de nouveaux produits flambant neufs. Il s'agit donc d'une opération de revalorisation, et non de recyclage : dans le dernier cas, on pulvérise des objets existants pour réutiliser une partie de leurs matières premières, alors que dans le premier, on leur donne une nouvelle vie, sous une autre forme. Une nuance de taille.