Les trois chercheurs se sont plongé dans une riche base de données, celle l’Association of American Medical Colleges, qui compile toutes sortes d’informations sur les chercheurs universitaires spécialisés dans les sciences biomédicales. Ils se sont intéressé en particulier aux 376 chercheurs établis aux Etats-Unis qui ont été contraints, entre 1980 et 2009, de retirer un ou plusieurs articles qu’ils avaient rédigé, à la suite d’un faux-pas professionnel. Un faux-pas ? Celui-ci peut prendre deux aspects :
> Le faux-pas involontaire. Il s’agit d’une erreur lourde de conséquences (une erreur de calcul, une erreur d’échantillonnage,…).
> Le faux-pas volontaire. Il s’agit ici d’une conduite inacceptable (un plagiat, une fraude,…).
Ils ont ensuite analysé les conséquences de chaque faux-pas effectués par ces centaines de chercheurs sur leur carrière. Et ce, à travers le prisme de l’impact qu’ont eu leurs articles par la suite.
Résultats ? Les voici :
> Une confiance érodée. En général, les articles des chercheurs qui ont commis un faux-pas connaissent une chute de 10% du nombre de citations par leurs pairs par rapport à ceux qui n’ont jamais commis de faux-pas. C’est-à-dire que la communauté des chercheurs leur fait nettement moins confiance, au point de ne plus guère s’appuyer sur leurs travaux pour enregistrer des progrès dans leur domaine. Bref, la confiance est gravement érodée : «Les pairs considèrent dès lors leur travail comme irrémédiablement médiocre», soulignent les trois chercheurs dans leur étude. Et ce, quel que soit le type de faux-pas commis.
> Un facteur aggravant. Les chercheurs expérimentés – comprendre ceux qui jouissaient jusqu’alors d’une bonne réputation dans leur domaine – sont nettement plus pénalisés que les novices quand ils commettent un faux-pas volontaire. Leurs articles ultérieurs voient, en effet, le nombre de leurs citations par des pairs dégringoler d’un coup de 20%. Cela étant, à noter une différence majeure lorsque le faux-pas est involontaire : les chercheurs expérimentés ne sont à ce moment-là pas plus pénalisés que les novices (10% pour les uns comme pour les autres) ; c’est que personne ne tient alors rigueur du fait que le fautif ait de l’expérience, ou pas, puisque chacun sait pertinemment que nul n’est à l’abri d’une bévue.