L'approche du chercheur n'est pas du tout sociologique ou psychologique, et c'est ce qui en fait tout le sel. Son but n'était pas de déterminer le profil du crétin moyen, ni d'étudier sa manière tronquée de réfléchir et d'argumenter. Non, M. Schanbacher est un économiste, ce qui signifie que ce qui l'intéresse, c'est de comprendre pourquoi, face à une tâche complexe, certains se rabattent sur des idées erronées pour prendre une décision, et n'en démordent jamais. Bref, pourquoi certains agissent comme de vrais crétins dans des situations où le mieux à faire serait pour eux de s'abstenir d'agir.
De précédentes études ont permis d'identifier trois raisons pouvant expliquer la crétinerie d'une personne :
1. Le crétin n'a pas la capacité intellectuelle nécessaire pour mener à bien une réflexion complexe (Sniezek, 1990).
2. Il est biaisé (Koriat, 1980 ; Griffin et Tversky, 1992).
3. Il est obtus, c'est-à-dire qu'il refuse de voir l'évidence quand elle se présente à lui (Taylor et Brown, 1988).
Mais ces études n'abordaient pas un point important, à savoir l'assurance incroyable du crétin en lui. C'est là que le chercheur allemand a décidé d'apporter sa pierre à l'édifice de la recherche sur la crétinerie humaine. Il s'est penché sur deux phénomènes particuliers : d'une part, l'überconfiance du crétin, soit son excès de confiance en lui ; d'autre part, l'überconfiance extrême du crétin dès qu'il est confronté à une tâche complexe.