Comment expliquer cette trouvaille contre-intuitive? C'est qu'entre alors en compte un point important, les connaissances de la personne. Si la question paraît simple, c'est le signe que nous avons les connaissances «suffisantes» pour apporter une réponse fondée sur des éléments «solides». Du moins, c'est notre impression.
Dans le cas de l'expert, ça peut se comprendre. Celui-ci sait que sa réponse à la question n'est pas sûre à 100%, mais il est prêt à courir le risque de se tromper, estimant que ce risque est minime ou peu élevé.
Mais dans le cas du crétin, le raisonnement est le même, c'est-à-dire tout aussi logique, à ceci près qu'il est erroné. Il croit avoir de bonnes chances de viser juste avec sa réponse, mais en réalité son risque d'erreur est nettement supérieur à ce qu'il croit. Et bien souvent – mais pas dans la majorité des cas! –, il passe pour un crétin aux yeux des autres, sans nécessairement s'en apercevoir. Il lui arrive par conséquent d'avoir parfois raison, à son insu.
Voilà donc ce qui fait le propre du crétin. Il est überconfiant comme peut l'être un expert face à une question simple, mais pas évidente. Il agit tout aussi rationnellement que n'importe qui d'autre. Il est bel et bien une créature éminemment rationnelle…
Cela vous donne-t-il une idée pour contrer le prochain crétin que vous croiserez? Voici la mienne (je suis sûr que vous en trouverez d'autres par vous-même) : montez d'un cran le niveau de la discussion. Si c'est un vrai crétin, il essaiera de suivre, et sa crétinerie deviendra évidente à tous. S'il est moindrement intelligent, il décrochera et se mettra, enfin, à écouter, voire apprendre.
Ou bien, s'il est ouvert à la discussion, décortiquez avec lui chaque point de son argumentation, en lui demandant à chaque fois le degré de confiance qu'il accorde réellement à chacun d'eux. Il verra alors, probablement, que son überconfiance est exagérée, car celle-ci repose sur des bases instables. Et ce, pourvu que vous réussissiez à vous y prendre diplomatiquement, sans le blesser dans son orgueil, bien entendu…
En passant, l'humoriste américain Robert Benchley aimait à dire : «La plus sûre façon de faire passer quelqu'un pour un crétin est de le citer».