Pas de coopération possible sans altruisme. Cela étant... Photo: DR
BLOGUE. «Quelle interrogation ridicule! Bien sûr que non, l'altruisme ne nuit pas à la coopération. Car il ne peut pas y avoir de vraie coopération sans une bonne dose d'altruisme.» Cette réflexion, j'en suis sûr, vous est venue spontanément. Et vous avez même douté un instant de la pertinence de continuer votre lecture. Pas vrai?
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Mais voilà, votre sempiternelle curiosité vous a poussé à poursuivre tout de même. Comme moi, lorsque j'ai découvert une étude justement intitulée Can altruism hinder cooperation?, signée par Keisuke Nakao, professeur d'économie à l'Université d'Hawai'i à Hilo (États-Unis). Et ce que j'y ai découvert m'a fasciné, tout comme vous-même devriez bientôt l'être.
Ainsi, le chercheur est tombé, il n'y a pas longtemps, sur une étude qui l'a interpellé. Celle-ci mettait au jour un comportement a priori étrange de la part de certains bénéficiaires du microcrédit, ce système qui permet d'attribuer des prêts de faible montant à des entrepreneurs ou des artisans qui ne parviennent pas à décrocher des prêts bancaires classiques, un système qui a notamment permis au Bangladais Muhammad Yunus de remporter le prix Nobel de la paix en 2006. Quel comportement? Eh bien, le fait que plus le prêteur et l'emprunteur se connaissent personnellement, plus le risque que l'emprunteur fasse défaut s'accroît.
M. Nakao s'est demandé comment on pouvait expliquer un tel comportement. Et pour en avoir une idée, il a pensé à recourir au «dilemme du prisonnier», un classique de la théorie des jeux. Quelques éclaircissements s'imposent…