Des études menées par Simon Thorpe, directeur de recherche du Centre de recherche cerveau et cognition (Cerco), à Toulouse (France), ont révélé un point intéressant : l’attention visuelle – la principale source de distraction chez nous, les êtres humains – est surtout attirée par les visages, et moins par le reste (mouvement, paysage, etc.). L’apparition d’un visage dans notre champ visuel occasionne ainsi, irrésistiblement, un déplacement oculaire en moins d’un dixième de seconde. Même les prodiges de la concentration ne peuvent s’y soumettre : Jenson Button, le pilote sacré champion du monde de Formule 1 en 2009, a reconnu, un jour, avoir été distrait durant une course, à chaque tour de piste, par l’affiche publicitaire d’une femme qui portait de la lingerie fine en fixant les spectateurs droit dans les yeux…
Les magiciens, comme le Québécois Luc Langevin, le savent fort bien. «Dans une forme mentale de jiu-jitsu, les prestidigitateurs nous trompent en exploitant nos propres pouvoirs attentionnels à nos dépens. Il font en sorte que vous soyez convaincu de porter votre attention sur le meilleur endroit pour découvrir le truc, alors qu’en fait vous êtes en train de vous focaliser sur de faux indices», dit Stephen Macknick, chercheur au Barrow Neurological Institute, à Phoenix (Arizona), en ajoutant que c’est plus fort que nous, «plus vous fixez une cible, moins vous êtes sensible aux distractions survenant à proximité».
D’où l’idée de ne pas céder au multitâches, et au contraire de tout faire pour privilégier consciemment un objectif, et un seul. «Il faut passer un contrat avec soi-même. Avoir la rigueur de ne se dédier qu’à une tâche, pendant une durée limitée. Il s’agit de créer autour de soi une petite «bulle» de 5, 10 ou 15 minutes, et de ne pas en sortir», a confié M. Lachaux au Monde de l’intelligence.
Facile à dire, pensez-vous peut-être. Et avec raison. Cette technique de la «bulle» ne peut pas fonctionner comme ça, du jour au lendemain, parce qu'on en a décidé ainsi. Elle nécessite de l’exercice, de l’entraînement si vous préférez, pour recharger nos «ressources attentionnelles».
Nos quoi? Nos «ressources attentionnelles», à savoir grosso modo notre capacité d’attention. Stephen Kaplan, John Jonides et Marc Barman, trois chercheurs de l’University of Michigan, se sont penchés sur le sujet dans le cadre de différentes expériences et en sont venus à la conclusion qu’un bon moyen de nous ressourcer était d’être davantage en contact avec la nature. Voici trois de leurs conseils pratiques :