BLOGUE. Une jolie collègue qui passe dans le couloir, un cellulaire qui se met à vibrer sur un bureau, un rire aux éclats de collègues au loin, une voiture qui freine brutalement dehors,… Vous comme moi, nous sommes continuellement distraits lorsque nous travaillons, et curieusement à chaque fois qu’il nous faut nous concentrer sur un dossier important. Pas vrai?
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Comment remédier à cela? Comment arriver à rester concentré de longues minutes durant sans être disstrait pour n’importe quoi? Oui, comment être efficace aux moments cruciaux de la journée? La solution est-elle de s’équiper de bouchons à oreille et d’œillères? De fermer à clé la porte de son bureau? De carrément fuir le bureau? Eh bien non, rien de tout ça.
L’idéal, c’est de parvenir à déjouer les pièges de la distraction. C’est ce que j’ai appris cette fin de semaine, dans le magazine Le Monde de l’intelligence. Il y est en effet présenté le travail de Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (France) et auteur de Le Cerveau attentif : contrôle, maîtrise et lâcher-prise (Odile Jacob, 2011), travail dont on peut tirer quatre trucs pratiques…
Prenons un exemple tiré du livre. Imaginons que vous êtes assis devant votre ordinateur, comme maintenant, et que vous êtes en train de travailler sur la rédaction d’un rapport, tout en attendant un appel téléphonique important, qui peut survenir à tout moment. Ces deux tâches – l’une en cours et l’autre en attente – ont de fortes de chances de provoquer chez vous un «parasitage attentionnel», c’est-à-dire que le fait attendre quelque chose d’important ne vous permet pas d’être correctement concentré sur la première tâche. Pour être toutefois plus efficace, vous pouvez, d’après M. Lachaux :
1. Délimiter le territoire des deux tâches. Vous pouvez, par exemple, arrêter la rédaction du rapport quelques minutes avant que le téléphone ne sonne, si vous avez une idée approximative du moement où cela doit se produire. Sinon, mieux vaut reporter à plus tard votre travail sur ce rapport pour privilégier des tâches plus simples et moins prenantes.
2. Morceler la première activité en une série de petites tâches aisées à accomplir. Vous pouvez ainsi vous contenter de réfléchir à des titres ou vérifier certains chiffres présentés. Votre cerveau pourra alors vite se consacrer à l’appel lorsqu’il se produira.
3. Remplacer la première tâche par une autre plus proche de la seconde. Cela peut consister à consulter un dossier en lien avec l’appel téléphonique attendu.
4. Lâcher prise. Une idée peut être alors de vous lever et de quitter votre bureau pour aller prendre un café, si possible sans trop penser à l’appel attendu.
«L’objectif est de trouver le juste milieu entre la dispersion et l’hyperfocalisation, deux formes de non-maîtrise attentionnelle», souligne l’auteur.
Des études menées par Simon Thorpe, directeur de recherche du Centre de recherche cerveau et cognition (Cerco), à Toulouse (France), ont révélé un point intéressant : l’attention visuelle – la principale source de distraction chez nous, les êtres humains – est surtout attirée par les visages, et moins par le reste (mouvement, paysage, etc.). L’apparition d’un visage dans notre champ visuel occasionne ainsi, irrésistiblement, un déplacement oculaire en moins d’un dixième de seconde. Même les prodiges de la concentration ne peuvent s’y soumettre : Jenson Button, le pilote sacré champion du monde de Formule 1 en 2009, a reconnu, un jour, avoir été distrait durant une course, à chaque tour de piste, par l’affiche publicitaire d’une femme qui portait de la lingerie fine en fixant les spectateurs droit dans les yeux…
Les magiciens, comme le Québécois Luc Langevin, le savent fort bien. «Dans une forme mentale de jiu-jitsu, les prestidigitateurs nous trompent en exploitant nos propres pouvoirs attentionnels à nos dépens. Il font en sorte que vous soyez convaincu de porter votre attention sur le meilleur endroit pour découvrir le truc, alors qu’en fait vous êtes en train de vous focaliser sur de faux indices», dit Stephen Macknick, chercheur au Barrow Neurological Institute, à Phoenix (Arizona), en ajoutant que c’est plus fort que nous, «plus vous fixez une cible, moins vous êtes sensible aux distractions survenant à proximité».
D’où l’idée de ne pas céder au multitâches, et au contraire de tout faire pour privilégier consciemment un objectif, et un seul. «Il faut passer un contrat avec soi-même. Avoir la rigueur de ne se dédier qu’à une tâche, pendant une durée limitée. Il s’agit de créer autour de soi une petite «bulle» de 5, 10 ou 15 minutes, et de ne pas en sortir», a confié M. Lachaux au Monde de l’intelligence.
Facile à dire, pensez-vous peut-être. Et avec raison. Cette technique de la «bulle» ne peut pas fonctionner comme ça, du jour au lendemain, parce qu'on en a décidé ainsi. Elle nécessite de l’exercice, de l’entraînement si vous préférez, pour recharger nos «ressources attentionnelles».
Nos quoi? Nos «ressources attentionnelles», à savoir grosso modo notre capacité d’attention. Stephen Kaplan, John Jonides et Marc Barman, trois chercheurs de l’University of Michigan, se sont penchés sur le sujet dans le cadre de différentes expériences et en sont venus à la conclusion qu’un bon moyen de nous ressourcer était d’être davantage en contact avec la nature. Voici trois de leurs conseils pratiques :
1. Marchez dans la nature. Une simple promenade dans un parc peut suffire à améliorer sa mémoire et son attention.
2. Faites des activités physiques extérieures. La pratique d’un sport en plein air apporte des bénéfices similaires à ceux du yoga et de la méditation.
3. Hébergez des plantes au bureau. La présence de plantes vertes semble favoriser les capacités de réflexion et de concentration, un environnement verdoyant déclenchant chez nous des images positives qu’on inclut dans nos pensées.
Pratiquer la «pensée verte» vous semble-t-elle une bonne idée? Qu’en pensez-vous? Je serais curieux de le savoir…
Confucius a dit dans ses Entretiens : «Le sage est calme et serein. L’homme de peu est toujours accablé de soucis»…
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