> D'une part, tout ce que se sont dit entre eux durant sept mois 8 hauts-dirigeants, dont le boss, du clan de la Camorra établi à Mondragone, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Naples. Un clan qui a été complètement démantelé en 2003, à la suite de l'arrestation de tous ces criminels mis sous écoute et de leur transformation en "balances" pour la Justice.
> D'autre part, tout ce que se sont dit entre eux durant neuf mois 19 membres du groupe criminel moscovite Solntsevkaya qui ont créé dans les années 1990 une antenne à Rome. Un groupe qui avait dû déménager sur la côte du Lazio en 1994, en raison d'une guerre ouverte entre clans mafieux dans la capitale italienne.
«J’ai beaucoup étudié la mafia russe ces dernières années, a récemment expliqué au quotidien italien Linkiesta Federico Varese, qui a d'ailleurs signé un essai titré The Russian Mafia (Oxford Press, 2005). En général, les mafias ont deux façons de pénétrer un territoire étranger : ou elles essaient de reproduire leur expérience de contrôle du territoire ; ou – et c’est la stratégie de la mafia russe en Italie – elles recyclent leur argent sale sur le marché local. Au cours de ces activités de recyclage, les Russes sont entrés en contact avec des trafiquants, des magouilleurs et des fonctionnaires corrompus.»
Et d'ajouter : «Il existe des passerelles entre ces deux mondes, mais chacun a son rôle : d’un côté les Russes recyclent et investissent, de l’autre les Italiens contrôlent le territoire. Il serait d’ailleurs impensable pour la mafia russe de leur disputer ce contrôle».
Les deux chercheurs italiens ont ainsi analysé chacun des 1 824 échanges téléphoniques des mafieux italiens et chacune des 758 communications des criminels russes. Ils ont décortiqué le langage utilisé et les termes employés, histoire de découvrir ce qui permettait de nouer un lien de confiance entre les deux personnes impliquées à chaque fois. Cela pouvait être une allusion subtile à un lien familial, une menace cachée, ou encore un échange d'informations confidentielles.
Puis, ils ont regardé s'il y avait un procédé qui revenait plus que les autres. C'est-à-dire s'il existait, ou pas, une manière de nouer un lien de confiance plus fréquent, et donc plus efficace, que les autres. Résultats? Accrochez-vous bien…