Voilà donc qui explique pourquoi l’incompétence perdure si souvent en entreprise. «Les plus malins des incompétents parviennent à dissimuler leur imposture en prenant peu de décisions, donc en se trompant le moins possible. Et ils sont assez fins politiques pour faire porter le chapeau à d’autres, le cas échéant. Autre atout dans leur poche : les mandats de courte durée. Ils ne restent à un poste qu’un an ou deux, c’est-à-dire sans laisser le temps aux autres de remarquer que la baisse de performance de l’équipe est de leur faute», ajoute-t-il.
Maintenant, que faire face à une telle roublardise? Le professeur d’ethnographie et de sociologie prône tout bonnement de contrer le cercle vicieux du manager par… le cercle vertueux de l’équipe! Un vrai coup de génie qui revient grosso modo à ceci :
> Un nouveau manager arrive et donne rapidement des signes d’incompétence;
> Les membres de l’équipe unissent leurs efforts pour bien lui présenter les dossiers importants, et surtout bien les lui expliquer;
> Ils prennent le temps d’organiser des réunions avec lui pour enfoncer le clou, et veiller à ce qu’il saisisse ce qu’il doit savoir;
> Ils l’impliquent le plus possible dans chaque étape des projets d’importance, en faisant attention à ne pas aller trop vite pour lui;
> Ils lui font sentir que son apport est crucial et déterminant, sans pour autant lui mettre en pression telle qu’elle le paralyserait dans ses prises de décision;
> Ils cherchent avec lui des solutions aux problèmes rencontrés en cours de route;
> Ils le remercient chaleureusement à chaque petit succès enregistré par l’équipe;
> Ils témoignent d’une certaine émotion au moment de saluer son remplacement par un autre manager.
Pas mal, non? Qu’en pensez-vous?
En passant, l’écrivain français André Malraux a eu ce trait d’esprit, des décennies avant l’élaboration du Principe de Peter : «Réussite : accession au dernier poste, c’est-à-dire au niveau d’incompétence»…