JB : Misez-vous sur votre division technologique, Nuglif, pour atteindre la rentabilité ou croyez-vous que votre modèle publicitaire va suffire?
GC : Ce n’est pas le plan. La Presse+ doit être viable ; elle doit faire ses coûts. Une fois que j’aurai fini mes mises à pied et les départs, à partir de janvier, ma structure de couts sera équivalente à mes revenus. Et après ça, je me retrouve dans un modèle en croissance. Ça fait 10 ans qu’on se retrouve dans un modèle en décroissance et, moi, je peux me lever ce matin et dire à mes employés qu’on a un avenir.
JB : Allez-vous envoyer un communiqué quand ça va être rentable ? Car c’est ce qui pourrait rendre votre division Nuglif attrayante. Si c’est rentable pour vous, les autres journaux ont plus de chance de se montrer intéressés…
GC : Il faut faire attention avec le mot rentable. On ne veut pas utiliser le mot rentable, car on ne veut pas démontrer qu’on est devenu rentable en coupant des postes et en mettant à pied nos employés qui ont été fidèles. On s’est donné un objectif de viabilité avec La Presse+. On veut juste être viable au départ. La Presse+, tous coûts confondus, ça va se payer.
JB : Et votre actionnaire, est-il à l’aise avec une filiale qui ne fait pas de profit?
GC : Prends les chiffres de Postmedia ; ils ont une perte de plus de 100 millions au premier trimestre. Leurs revenus fondent de trimestre en trimestre. Ce qui risque de se passer, c’est qu’ils accumulent les pertes jusqu'à ce qu’ils fassent faillite. Alors, leurs actionnaires, ils font quoi? Aujourd’hui, on revient en territoire rentable, alors, l’actionnaire est content. J’ai réussi à changer le modèle d’affaires de La Presse et, aujourd’hui, j’ai quelque chose qui est viable et qui va devenir rentable.
En décembre, avant de couper le papier, 75 % de nos revenus vont venir de La Presse+ et 10% vont venir de la presse mobile et de la Presse.ca. [67% des revenus de La Presse proviendraient déjà de La Presse+, selon Guy Crevier] Alors, tu vas avoir 85 % de nos revenus qui viennent du numérique. Dans le 15% du papier, il va y en avoir au moins 60% qui viennent de notre édition du samedi. Alors, quand on coupe la semaine, on coupe une très petite partie de nos revenus de publicité, mais on coupe 29 millions de dépenses.