Statoil: Couche-Tard fait-elle un bon coup?

Publié le 19/04/2012 à 09:14, mis à jour le 19/04/2012 à 09:10

Statoil: Couche-Tard fait-elle un bon coup?

Publié le 19/04/2012 à 09:14, mis à jour le 19/04/2012 à 09:10

L'enseigne d'une station-service Statoil à Oslo, en Norvège. Photo : Bloomberg

BLOGUE. C’est un grand coup que vient de frapper Couche-Tard, avec l’acquisition de l’européenne Statoil Fuel & Retail. La plus importante transaction de son histoire fait passer le nombre de ses dépanneurs de 5817 à près de 8120. Une bonne affaire?

Le ton était plus que positif lors de la conférence téléphonique avec les analystes et lors de la conférence de presse à Oslo. Mais il y a aussi du syndicat dans l’air et quelques embûches moins discutées. Tentons d’y voir plus clair.

1-Pourquoi Statoil vend et Couche-Tard achète?

Si Couche-Tard achète, c’est évidemment qu’elle voit du potentiel. Si le géant pétrolier Statoil vend sa participation de 54% dans la chaîne de dépanneurs-stations service, c’est qu’il en voit moins.

Les motivations de transaction sont bonnes des deux côtés.

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Depuis quelques années, les producteurs pétroliers ont tendance à vendre leurs stations services. Les marges bénéficiaires à la pompe sont ordinaires, et sont nettement meilleures du côté de la production. Plusieurs préfèrent vendre les stations et réinvestir l’argent obtenu en amont. Pour bien rentabiliser une station service, il faut aujourd’hui être doté de savoir-faire dans le dépanneur qui y est adjoint, ce que plusieurs pétrolières n’ont pas.

Statoil Fuel & Retail semble avoir une expertise intéressante en exploitation de dépanneurs, mais ses capacités d’expansion à l’extérieur de son marché actuel (la Scandinavie et sa périphérie) étaient limitées. Si l’on a bien compris Alain Bouchard, le patron de Couche-Tard, les autres pétrolières (Shell, Esso, etc.) hésitaient à vendre à une concurrente leur réseau de distribution européen.

Avec l’arrivée de Couche-Tard comme propriétaire, l’inconvénient disparaît et la société québécoise peut espérer faire de Statoil sa base de lancement pour conquérir le marché européen. Elle pourra compter sur une direction expérimentée dans ce marché et ses futures cibles ne redouteront pas un coup fourré.

2-Couche-Tard paie-t-elle trop cher?

À première vue, une prime de 52% sur la clôture de la veille (et de 31,7% sur la moyenne des six derniers mois) apparaît assez forte.

L’offre arrive cependant à un moment intéressant. La rentabilité de Statoil est sous pression, en raison notamment du ralentissement économique européen. Son dividende a fondu du tiers l’an dernier.

Sur une base de multiple, Couche-Tard paie (en tenant compte de la dette de Statoil) 7 fois le bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA) des 12 derniers mois. C’est plus faible que son multiple à elle, qui était à 8,7 fois le BAIIA avant l’annonce. Financière Banque Nationale souligne que les transactions en Amérique du nord se situent entre 5,1 et 8,6 fois, avec une moyenne à 6,3 fois.

Bref, c’est bien payé, mais pas exagérément payé.

3-Quelles sont les perspectives de croissance?

C’est ce qui est le plus intéressant, mais aussi le plus difficile à dire.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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