L'autre grande interrogation: Verizon est-elle dans le coup?
Québecor n'a pas caché qu'elle pourrait acquérir des joueurs de la téléphonie existants. Elle n'a en fait guère le choix. Il lui faut plus de spectre que ce qu'elle possède pour déployer son réseau, et il est probable qu'il lui coûterait beaucoup plus cher de déployer un réseau de distribution pancanadien à partir de zéro.
À ce jour, peu d'analystes se sont risqués à chiffrer ce que pourrait coûter une expansion en sol canadien. Mais Canaccord Genuity évaluait récemment que l'acquisition de Wind et de Mobilicity, combinée à la construction d'un nouveau réseau LTE dans le reste du Canada, pourrait coûter 1,6 G$. C'était sans compter les pertes d'exploitation des premières années. En ajoutant la construction du réseau LTE en partenariat avec Rogers au Québec, on grimpait à des investissements nécessaires de 2 G$.
C'était avant que Québecor ne présente sa demande sur les frais d'itinérance. Si la situation financière de Wind et Mobilicity s'améliore en raison d'interventions du gouvernement, quelque chose nous dit que leur valeur grimpera, et que l'on défoncera les 2 G$.
Or, Québecor a beau avoir de bons flux de trésorerie, à 3,2 fois le BAIIA sa dette demeure relativement élevée. Il est douteux qu'elle puisse s'aventurer seule dans pareille aventure.
Monsieur Dion a notamment parlé de partenaires financiers. Il faudra assurément de nouvelles injections financières, sous forme de prêts ou d'investissements. La Caisse sera-t-elle partante pour du financement? Autre question demeurée sans réponse, le représentant au conseil de la Caisse n'étant pas à l'assemblée annuelle.
On a cependant cru comprendre que Québecor recherchait aussi un partenaire stratégique minoritaire.
Dans l'Ouest, Shaw a du spectre, qu'elle souhaite vendre à Rogers. Mais les autorités se font tirer l'oreille. Il ne serait pas surprenant que Québecor ait parlé à Shaw. Celle-ci avait cependant fait une croix sur son sans-fil et s'était lancé dans d'importants investissements dans ses infrastructures de fibre optique. Il est douteux qu'elle soit philosophiquement et surtout financièrement prête à s'engager dans un nouveau projet de téléphonie.
Qui d'autres?
La société française Orange avait manifesté, il y a quelques mois, de l'intérêt pour le marché du sans-fil canadien. Uniquement cependant pour acheter de la capacité de réseau et ensuite la revendre à des abonnés. En raison d'une forte présence de Français au Québec. Il ne s'agissait pas d'investir dans la construction d'un réseau national, et la démarche semblait plus opportuniste que stratégique. Peu probable.
Toute la journée, un nom nous est revenu à l'esprit: Verizon.
Il y a un an, Pierre Karl Péladeau avait pris tout le monde par surprise en lançant dans les médias une lettre ouverte où il invitait le fédéral à rester ferme dans sa volonté d'introduire de la concurrence et de favoriser l'arrivée de Verizon au Canada.
Verizon semblait en outre à l'époque nettement plus intéressée par le marché de l'Ontario que par celui du Québec.
C'est la partenaire qui semble la plus sérieuse. Mais la forme de l'entente ne serait sans doute pas simple.
Gagnant, une expansion sans-fil?
On a de grands doutes. Même avec Verizon. Parce que Québecor ne serait pas capable d'offrir de bouquets de services (téléphonie traditionnelle, Internet, télé) et que le consommateur a tendance à choisir le fournisseur de service sans-fil qui lui fournit déjà les autres services. Bell, Rogers et Telus n'auraient qu'à ajuster leurs prix.
Ce serait sanglant pour tout le monde. On y reviendra un autre jour.
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