Photo: LesAffaires.com
La terre a tremblé, lundi, en fin de journée. Robert Dépatie quitte ses fonctions pour des raisons de santé. Sur l'échelle corporative de Richter, c'est une magnitude de près de neuf pour Québecor.
On a beaucoup parlé de la vision qu'avait eue Pierre Karl Péladeau lors de l'acquisition de Vidéotron, au tournant des années 1990. Et de la colossale croissance enregistrée par l'entreprise au fil des ans (qui finit par faire oublier le prix payé et justifier l'opération).
Si monsieur Péladeau eut la vision, il eut aussi la chance de tomber sur Robert Dépatie.
On dira que le succès d'une organisation n'est jamais le résultat du travail d'une seule personne. Mais ce succès est rarement aussi possible sans la présence d'un solide leader.
Robert Dépatie avait la réputation d'être plus qu'à l'écoute de la clientèle. Il avait aussi celle d'être doué pour motiver son organisation et l'amener à se dépasser.
En font démonstration, quelques anecdotes.
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C'est dans une situation de crise qu'il était entré chez Vidéotron en décembre 2001, après quelques années passées dans des sociétés de l'alimentation et à la vice-présidence des ventes de Heinz Canada. Le titre de Québecor avait quitté un sommet de 26$ dans les mois précédents et s'échangeait sous les 8$. Cinq mois à peine après son entrée en fonctions, un dur conflit de travail éclatait.
Promu patron de Vidéotron en 2003, il nous racontait avec hésitation comment il essayait de rebâtir des ponts et de motiver les employés pour améliorer la rentabilité de l'entreprise. Dès le retour au travail, un concours avait été organisé pour ceux qui avaient le mieux performé dans la vente d'abonnements à Super écran. Prix du concours: une automobile Beattle de Volkswagen tirée au sort! Dans les centres d'appel, il avait aussi fait distribuer des coupons-rabais chez Archambault aux employés ayant atteint un nombre de branchements prédéterminé.
Il n'était pas qu'un astucieux motivateur et un exécutant de premier plan. Il avait en prime, la vision.
Dans une autre entrevue qu'il nous accordait, il parlait de comment il entrevoyait l'avenir et utilisait des mots assez ésotériques pour l'époque: télé haute-définition, enregistreurs numériques, et vidéos sur demande.
Surtout, il était très attentif à un nouveau phénomène aux États-Unis: la téléphonie par câble. "Je n'ai pas discuté de projets avec monsieur Péladeau, mais nous regardons ce qui se fait aux États-Unis. Nous sommes maintenant une compagnie de télécommunication", nous avait-il raconté.
Quelques mois plus tard, on recevait un retour d'appel de sa part par la téléphonie Vidéotron. L'aventure s'amorçait. Elle allait déstabiliser Bell et faire de Québecor l'important acteur des communications qu'il est aujourd'hui.
Qu'arrivera-t-il maintenant?