Qu'en penser?
Le rehaussement des programmes d'aide à la relève est pertinent, mais n'est à l'évidence pas la roue d'engrenage de la politique. Les montants annoncés sont modestes, et c'est tant mieux. Les moyens de l'État sont limités.
La décision de demander à Hydro-Québec d'aider les producteurs en serres est plus importante. Madame Marois a parlé de 2000 à 2 500 emplois qui pourraient être créés. On n'est généralement pas très favorable à l'idée de subventionner de l'emploi avec de bas tarifs. On dira qu'on le fait pour d'autres industries (dont l'aluminium). C'est un argument que l'on peut répéter à l'infini et qui finit par coûter cher. Cela dit, on ne déchirera pas notre chemise ici. Le tarif en semble un qui est établi pour favoriser la biénergie. Il est en outre sage de rechercher une plus grande autarcie alimentaire. Particulièrement comme assurance pour la population en cas de crises dans l'avenir. Pour une population nordique, il est clair que l'augmentation de cette autarcie a un coût.
Les amendements sur la protection du territoire sont plus surprenants. La loi sur la protection du territoire agricole était déjà considérée par plusieurs, même chez des agriculteurs, comme excessive dans certaines de ses dispositions. On ne voit pas trop comment on peut resserrer davantage ce qui est en place. Ce qui est protégé est déjà protégé, et le dézonage n'est pas réputé être facile.
La question de l'appropriation étrangère et par des fiducies immobilières est aussi un peu nébuleuse. Il est difficile de spéculer sur une terre agricole, puisqu'on ne peut y faire que de l'agriculture. Ce sont les terres forestières qui paraissent davantage en danger de spéculation, parce qu'on a resserré les normes de coupe et qu'une reprise du marché de la construction US menace de faire grimper les prix. Peut-être veut-on agir préventivement et s'assurer que les étrangers ne viennent pas un jour utiliser nos terres sans que les bénéfices d'exploitation ne reviennent au Québec. Aux yeux des accords internationaux, on n'est pas très sûr de celle-là.
Quant à la politique d'achat chez-nous, elle ne sera sans doute pas facile à implanter, mais il est évident que si l'on veut donner de l'élan à l'agriculture d'ici il faut un signal de marché. Certaines voix s'élèveront peut-être sur le risque que le secteur public ne paie trop cher pour ses produits alimentaires. Il y aura sans doute un coût, mais, à qualité égale, c'est un risque qui dans son ampleur ne devrait pas dépasser les retombées. Les produits québécois étant aussi offerts aux consommateurs en épicerie, ils devront demeurer à des prix concurrentiels ou relativement concurrentiels avec ceux de l'étranger si les producteurs espèrent les écouler. On ne pourra conséquemment pas vendre au secteur public à un prix plus cher que celui auquel on vend au consommateur.
Jugement d'ensemble
Au final, le projet de souveraineté alimentaire apparaît fort intéressant. Son succès dépendra avant tout cependant de la réponse du consommateur québécois au buzz que l'on tenter de créer.
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