Qui gagne, qui perd?: les régimes à cotisations déterminées
La réforme semble relativement neutre pour les salariés et les employeurs sous ces régimes.
Un salarié sera certes appelé à consacrer 1,6% de son salaire à la rente de longévité (qu'il touchera à partir de 75 ans), mais il est probable que cette cotisation sera prise à même la cotisation qu'il versait actuellement à son régime de retraite. Le scénario est le même pour l'employeur.
Il y a un petit avantage pour les employés, en ce que cette fois, ils se trouvent à acquérir une rente déterminée à partir de 75 ans, alors qu'il n'y a pas de garantie de rente dans un régime à cotisations déterminées.
Qui gagne, qui perd?: les salariés et entreprises sans régime collectif de retraite
Il y a ici 2,5 millions de salariés, qui sont pour la plupart menacés d'une vie financière très précaire à la retraite.
Le salarié a évidemment un coût supplémentaire à acquitter maintenant (1,6% de son salaire), mais il peut se dire que cet argent lui reviendra à compter de 75 ans. Et il bénéficie en plus d'une contribution de 1,6% de son employeur. C'est un bon levier. Bien que dans certains ménages la ponction puisse être difficile, le sacrifice à court terme est bien récompensé.
Pour l'employeur, c'est autre chose et, déjà, des groupes du patronat, comme la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, émettent des doutes sur la rente de longévité. C'est en effet une hausse qui coûtera à l'entreprise entre 421$ et 843$ par salarié par année. Et le reste du Canada n'aura pas à faire face à ce coût.
Les employeurs sans régime de retraite sont effectivement les plus pénalisés de tous, et ce sont généralement les plus faibles et les plus petits au Québec. S'ils veulent garder leur main-d'œuvre qualifiée dans les années de pénurie à venir, ils peuvent difficilement compenser par des diminutions ou des gels de salaires.
Quelque chose nous dit que les discussions ont dû ici être difficiles entre les membres du comité.
Un mot sur les villes
Les discussions ont aussi beaucoup porté dernièrement sur l'état des déficits actuariels des municipalités du Québec, qui atteignent des niveaux très préoccupants (le degré de solvabilité des régimes des entreprises privées était à 75% en 2011, celui des municipalités à 67%).
Le rapport D'Amours ne change rien à la situation. Si ce n'est que, comme pour les entreprises privées, une législation encadrant la négociation permettrait de toucher à certains avantages auxquels on ne pouvait antérieurement toucher (indexation, rente du conjoint, etc.).
Comme pour les entreprises privées, la seule façon de forcer le jeu nous apparaît désormais de lier les prochaines négociations sur le salaire à l'état du déficit actuariel. Avec une menace de revenus gelés ou moindres pour un temps, il est probable que les syndiqués concéderaient sur certains avantages du régime de retraite.
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