C'est ici cependant que survient une autre attaque. Celle de la conscience.
«Est-ce OK d'investir dans une société qui cherche à éluder les principes fiscaux de son pays ?»
- Non, mais, les Américains exagèrent, et font de la double imposition sur les revenus étrangers, répond le malin.
- Tout le monde devrait respecter les principes des lois, et le transfert de la propriété intellectuelle au Luxembourg est malhonnête. Le pays où la recherche a été faite l'a souvent subventionnée. Le stratagème prive la collectivité d'un juste retour financier, réplique la conscience.
- Peut-être, mais nombre de sociétés dans lesquelles tu investis se servent de paradis fiscaux. Tu ne le sais pas, parce que tu ne t'y es jamais attardé. Pas pire que chez bien d'autres, renchérit le malin.
- Oui, mais, cette fois, tu le sais... D'autant que ton investissement est fondé en grande partie sur l'opération fiscale...
Et le bras de fer entre la tentation et l'élévation de se poursuivre. Jusqu'à tout récemment, quand l'administration Obama annonçait soudainement des mesures pour tenter de contrer les phénomènes d'inversion fiscale. Au moment d'écrire ces lignes, Mylan n'avait toujours pas réagi aux conséquences de ces nouvelles mesures sur son projet de fusion avec Abbott.
Plusieurs analystes doutaient que la fusion se matérialise, d'autres parlaient d'une probable concrétisation avec des bénéfices nettement moindres, et d'autres, enfin, de bénéfices moindres, mais peut-être pas si moindres.