Cela dit, Lucien Bouchard précise qu'il ne prône nullement pour autant un désengagement tous azimuts de l'État. «L'État va demeurer essentiel, comme gage des grandes valeurs démocratiques, des valeurs de protection des droits, de promotion de tout ce qui est important dans une société. Également pour son apport à l'économie. [...] Mais ça ne pourra pas être comme avant.»
«On n'a pas le choix, poursuit-il. C'est le seul moyen de créer une économie. Le secteur public est tout à fait dépendant des résultats du privé. Si le privé est déficient et défaillant, le secteur public ne sera pas alimenté. On voit bien ce qui se produit au Québec actuellement, le gouvernement a besoin que quelqu'un vienne prendre la suite des choses», réfléchit-il à haute voix, tout en s'inquiétant du taux d'entrepreneuriat qui traîne la patte ici, par rapport au reste du Canada.
Le passé judéo-chrétien des Québécois aurait bien peu à voir avec cette situation. Les jeunes d'aujourd'hui ne sont plus du tout dans cette logique, dit-il. «Si notre société ne s'engage pas de ce côté-là, ça ne marchera pas [...] Si on ne développe pas de nouveaux entrepreneurs pour continuer ce qui a été commencé dans la prise en main de notre économie, on se réserve des lendemains difficiles.»