Le cosignataire du manifeste «Pour un Québec lucide», qui appelait en 2005 à la responsabilisation individuelle des Québécois face aux défis socioéconomiques de tout ordre, estime que le Québec peut être fier du chemin parcouru au cours des dernières décennies.
En se dotant, à partir des années 1960, de «véritables leviers économiques, culturels et institutionnels», la province est devenue à ses yeux un «État moderne», capable de grandes choses, comme «l'éducation et les services de santé pour tous». Ces années ont aussi vu émerger une génération d'entrepreneurs francophones qui ont rayonné partout sur la planète et contribué à construire «une véritable économie pour le Québec».
Mais voilà, analyse-t-il, beaucoup de ce chemin parcouru l'a été avec l'aide ou l'intervention d'un État qui ne peut plus continuer d'agir comme il le faisait. «On hésite toujours à utiliser les mots tragédie ou à parler de situation dramatique au Québec. Mais c'est un fait ; la situation dans laquelle se trouve le Québec aujourd'hui est très sérieuse [...] Et les prochains bouts de chemin, on s'en rend compte, ne pourront pas se faire avec une telle implication de l'État.»
Lucien Bouchard, 75 ans, estime qu'un changement de garde s'impose au Québec, tant dans la sphère politique qu'en économie. Évitant de se mouiller politiquement, il affirme que, du côté économique, cela passera forcément par l'entrepreneuriat.