E.C. - L'argent est le nerf de la guerre. On ne peut rien sans lui. Après mon cours de coiffure, à Londres, j'ai ouvert un salon à Singapour. C'était les années 1980; le look bigarré de Madonna et de Cindy Lauper faisait fureur. Je l'avais moi-même adopté [rires] et mes clientes demandaient sans cesse où je m'habillais. Ma garde-robe venait directement de Londres, fournie par ma soeur établie là-bas. Le déclic s'est fait : pourquoi ne pas importer ces vêtements et les vendre à Singapour ? C'est ce que j'ai fait. J'ai gardé le salon quelques années pour financer ma première boutique. Lorsque celle-ci fut profitable, j'ai vendu le salon.
D.B. - Vous avez aussi créé vos propres marques. Quelle a été votre stratégie pour percer ?
E.C. - J'ai profité d'une tendance naissante : le marché des marques pour les jeunes a commencé à émerger dans les années 1980. La musique a tracé la voie, le look des chanteurs a fait le reste. Je fus une des premières à offrir à la jeunesse singapourienne des vêtements pour eux, le streetwear. Au début, j'ai importé des marques étrangères, puis j'ai lancé les miennes : X-Tomic, No bounderies, Slacker et Gothic Princess. Mais le vrai secret de mon succès tient au fait que je connais et, surtout, que j'aime profondément ma clientèle. J'ai cofondé le Singapore Street Festival et le Young Entrepreneur Mastery, un incubateur qui encourage l'entrepreneuriat chez les jeunes décrocheurs, et je siège sur de nombreux comités gouvernementaux, dont SCAPE, du ministère de la Communauté, de la Jeunesse et des Sports.