Le gouvernement de Bagdad, qui ne représente plus que des élites parlant au nom de la communauté chiite majoritaire de l'Irak.
Le Kurdistan, qui a tous les attributs de la souveraineté à laquelle il ne manque qu'une reconnaissance régionale et internationale.
L'État islamique, qui a prospéré sur le conflit confessionnel croissant entre sunnites et chiites en Irak.
L'État islamique peut-il être vaincu militairement? Probablement, si les pays occidentaux décident d'envoyer des troupes au sol.
Mais c'est exactement ce que souhaite l'EI, car cela pourrait lui permettre de rallier encore plus de personnes, notamment en Occident, à sa cause.
De plus, une intervention terrestre des Occidentaux - possiblement de concert avec d'autres pays de la région - risque d'être un coup d'épée dans l'eau si elle ne s'accompagne pas d'une alternative politique aux populations locales. Ce qui est le cas actuellement, déplore Pierre-Jean Luizard.
«La coalition anti-Daech n'a strictement aucune perspective politique à offrir aux populations qui se sont ralliées à l'État islamique, ou bien qui se sont résignées à sa domination comme un moindre mal par rapport aux régimes oppressifs sous lesquels elles ont souffert en Irak et en Syrie.»
Du reste, les opinions publiques en Occident seraient-elles favorables à une intervention au sol? On peut sérieusement en douter.
Voilà pourquoi l'EI pourrait bien être là pour rester, et devenir un nouvel acteur au Moyen-Orient avec lequel les autres pays devront désormais composer dans les prochaines années, voire décennies.