La dissolution, coup de poker risqué du président Macron

Publié le 09/06/2024 à 19:38, mis à jour le 09/06/2024 à 19:41

La dissolution, coup de poker risqué du président Macron

Publié le 09/06/2024 à 19:38, mis à jour le 09/06/2024 à 19:41

Par AFP

Marine Le Pen a affirmé dimanche soir que son parti était « prêt à exercer le pouvoir », en parlant des législatives, mais sans doute les yeux tournés vers 2027. (Photo: 123RF)

Paris — Le président français Emmanuel Macron a répondu à la victoire historique de l'extrême droite aux européennes par un coup de poker risqué, en renationalisant les enjeux et en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale, au risque de créer un boulevard à ses opposants politiques.

 

Dissolution: un «coup de tonnerre» risqué

Le camp présidentiel français avait déjà perdu sa majorité absolue à l'Assemblée après la réélection d'Emmanuel Macron à l'Élysée en 2022, suivie dans la foulée par des élections législatives qui avaient vu une percée historique de l'extrême droite, avec 89 députés pour le Rassemblement national (RN). 

Emmanuel Macron tente « quelque chose d'extrêmement risqué. Selon toute vraisemblance le Rassemblement national, dans la foulée des européennes, peut avoir une majorité à l'Assemblée nationale et pourquoi pas une majorité absolue », estime Céline Bracq, directrice générale de l'institut de sondages Odoxa. 

Elle qualifie la manoeuvre de « coup de tonnerre » autant que de « coup de poker », alors « qu'il y a une très forte volonté de la part des Français de sanctionner le président de la République ». 

Un sondage publié cet hiver donnait une majorité à l'Assemblée nationale au RN en cas de dissolution. 

Le parti de Marine Le Pen se dit en tout cas « prêt », et le nom du grand vainqueur des élections européennes, Jordan Bardella, 28 ans, est sur toutes les lèvres pour devenir un premier ministre en cas de victoire du RN aux législatives.

 

Cohabitation?

Prérogative présidentielle dans la Constitution française, la dissolution annoncée dimanche par M. Macron est la 6e depuis 1958. Elles ont été suivies à chaque fois par une victoire de la majorité présidentielle, sauf en 1997, sous le président de droite Jacques Chirac.

La gauche avait remporté une majorité des sièges, et entraîné une situation insolite sous la Ve République : la nomination d'un premier ministre socialiste (Lionel Jospin), et l'obligation de cohabiter pour les deux têtes de l'exécutif, ce qui n'avait pas été sans heurts.

Dimanche soir, le président Macron a mis en avant le « besoin d'une majorité claire pour agir dans la sérénité » et a dit vouloir « que la parole soit donnée au peuple souverain ».

 

Réactions contrastées

En dissolvant l'Assemblée, alors même que son parti est dans une situation très difficile, et que l'extrême droite vient de rafler la mise aux européennes, M. Macron joue « un jeu dangereux », ont dénoncé des responsables à gauche. 

« Cette dissolution exigée par Jordan Bardella restera une tache sur le quinquennat d'Emmanuel Macron », a lancé le social-démocrate Raphaël Glucksmann, dont la liste s'est hissée à la troisième place des européennes, juste derrière le camp présidentiel.

« La majorité présidentielle et le président de la République lui-même se sont avérés complètement incapables — et la décision de ce soir vient encore de le montrer — de faire face à leur responsabilité historique », a dénoncé M. Glucksmann. 

Le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a en revanche estimé que M. Macron avait eu « raison de dissoudre l'Assemblée » et que sa formation, La France Insoumise, ne « craignait pas le peuple ». 

À droite, le patron des Républicains Eric Ciotti a estimé que cette dissolution était « la seule solution ». Il a assuré que son parti, qui a totalisé un peu plus de 7% aux européennes, irait seul sous ses « couleurs » aux législatives, « sans aucune forme de coalition, de coopération, de collaboration avec ce pouvoir qui a tant abimé la France ».

 

Les yeux tournés vers 2027

Quelle que soit l'issue de ces nouvelles élections législatives — prévues les 30 juin et 7 juillet —, la défaite du camp présidentiel aux européennes de dimanche soir assombrit le deuxième et dernier quinquennat du président Macron. 

Arrivé au pouvoir en 2017 sur un engagement très pro-européen et la promesse de venir à bout des extrêmes, il se voit infliger un double revers dimanche soir. 

Même s'il est trop tôt pour spéculer sur les chances de victoire de l'extrême droite en 2027, le Rassemblement national jouit en tous cas d'une dynamique favorable. 

Marine Le Pen a affirmé dimanche soir que son parti était « prêt à exercer le pouvoir », en parlant des législatives, mais sans doute les yeux tournés vers 2027.

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