Cela étant, cette découverte n'est pas vraiment valable en ce qui concerne les sports collectifs. En effet, M. Leive a noté que la durée de vie des membres d'une équipe qui avait échoué alors qu'il était pressenti qu'elle gagnerait l'or n'était pas affectée par cette contre-performance. Pourquoi? «Vraisemblablement parce que le blâme ne peut pas être porté sur un individu en particulier, mais sur l'équipe entière. L'absence de point de comparaison objectif entre la performance individuelle des membres de l'équipe empêche les uns et les autres de se comparer entre eux, et donc de ressentir personnellement le poids de l'échec sur ses épaules», explique le chercheur.
Fascinant, n'est-ce pas?
Bon. Je vois d'ici les grognons de service qui vont avancer que ce qui nuit le plus à la santé des athlètes, c'est le dopage. Et que rares sont les médaillés d'or n'en ayant pas fait usage, la sophistication des services médicaux à leur disposition leur permettant d'éviter de se faire prendre lors des tests antidopage. À l'image de Lance Armstrong.
Mais ce raisonnement ne tient pas dans le cadre de cette étude. M. Leive en a pris grand soin. Comment? D'une part, en éliminant d'emblée de son échantillon les athlètes sanctions ou même soupçonnés de dopage durant leur carrière. D'autre part, en se disant que si le médaillé d'or avait été dopé, il y avait de fortes chances que les autres médaillés l'aient été aussi en ce cas, si bien que l'éventuel impact n'était plus pertinent d'un point de vue statistique.
Maintenant, que peut-on retenir de ces trouvailles pour qui se pique de management? Plusieurs choses :
> Misez sur la performance collective, pas sur la performance individuelle. Car qui court seul après une performance individuelle court à sa perte. Et inversement, qui court ensemble après une performance collective en ressort gagnant sur le plan de la santé.
> Faites taire votre ambition personnelle. Car l'ambition personnelle est un petit diable perché sur votre épaule qui ne se soucie aucunement de votre santé, mais juste de son menu plaisir. Si d'aventure vous lui prêtez une oreille attentive, vous allez le regretter amèrement : jamais satisfait, il vous en demandera toujours plus, jusqu'à l'échec dont vous ne vous relèverez pas. Votre santé va en pâtir directement, au point de réduire le nombre de vos années à vivre. En revanche, n'ayez pas peur de vous montrer ambitieux pour l'équipe dans laquelle vous évoluez : cela ne nuira en rien à votre santé, quoi qu'il advienne.
En passant, le poète français René Char a dit dans Feuillets d'Hypnos : «Ne t'attarde pas à l'ornière des résultats».
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