> Une question de dynamique interne. La rivalité entre équipes ne résulte pas nécessairement du contexte dans lequel celles-ci évoluent. Ce n'était pas parce qu'une équipe était incitée à faire du mal à l'autre qu'elle le faisait. De quoi résultait-elle alors? Eh bien, plutôt de la dynamique interne à l'équipe : plus la communication stratégique était riche, plus chacun faisait de son mieux pour que son équipe surpasse sa rivale. C'est bien simple, ceux qui pouvaient discuter de stratégie mettaient en moyenne 89% de leurs points dans le pot commun, soit 31 points de pourcentage de plus que ceux qui ne pouvaient pas communiquer entre eux.
«Dans un contexte de compétition, plus les membres d'une équipe peuvent parler de stratégie, plus ils sont disposés à contribuer personnellement à l'effort commun», soulignent MM. Mäs et Dijkstra dans leur étude.
Nettement plus, en tout cas, que lorsqu'ils sont de simples pions exécutant des ordres, situation dans laquelle ils ont tendance à chercher à dégager un profit personnel de la situation, et donc à créer des tensions internes insidieuses. Pourquoi ça? Parce qu'ils sont alors motivés à faire mieux que les autres, et non à simplement atteindre l'objectif commun visé, voire leurs objectifs personnels pour les plus égoïstes d'entre eux.
Et les deux chercheurs d'ajouter : «On retrouve ici le mécanisme de Coleman, qui permet d'expliquer le phénomène de "l'excès de zèle". Quand on exprime des encouragements, ou même de la gratitude, à l'égard d'autrui, ce dernier y surréagit, au point parfois d'orienter ses efforts dans le sens désiré, et même de dépasser par la suite toutes les attentes».
Autrement dit, à partir du moment où l'on encourage chacun à contribuer activement au succès de l'équipe – notamment en lui donnant la possibilité d'établir de manière concertée la stratégie à suivre –, on motive chacun à redoubler d'efforts pour le bien de tous ainsi qu'à renoncer à "jouer perso". Oui, il suffit d'accorder davantage de pouvoir à chacun – ne serait qu'en ouvrant davantage les discussions importantes – pour gonfler tout le monde à bloc. À noter, et c'est un point important, que l'effet en sera décuplé si chacun a en tête que son équipe est en compétition avec d'autres.
Voilà. De tout cela, on peut tirer la leçon suivante, d'après moi :
> Qui entend voir son équipe se surpasser se doit avant tout de renforcer les liens internes de celle-ci. Car plus ce réseau de liens est fort et harmonieux, plus l'ensemble de l'équipe sera puissant, dans un contexte de compétition. Il convient par conséquent au manager de ne pas faire l'erreur – trop commune – de rappeler aux uns et aux autres à quel point la compétition est féroce, mais plutôt d'améliorer sans cesse la dynamique propre à son équipe, en misant plus sur le collectif et moins sur l'individualisme.
En passant, le physicien américain Heinz Pagels a dit dans L'Univers quantique : «Ce que l'individu perçoit comme une liberté n'est rien de plus qu'une nécessité du point de vue collectif».
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