Ce qui intéressait les deux chercheurs, ce n'était pas les idées trouvées en elles-mêmes, mais les instants où l'humour entrait en jeu. Car ils savaient que l'occasion s'y prêtait : il a d'ailleurs été fréquent de voir un participant prendre l'un des objets et de marquer dessus quelque chose de rigolo, du genre "route" sous le mot "banque". Et de fait, ils ont relevé en tout 38 moments où plusieurs participants se sont mis à rire de bon cœur à la suite d'une blague de l'un d'eux.
Le plus intéressant, c'est qu'ils ont noté que sur les 38 propositions qui ont été faites avec une pointe d'humour, 32 ont été considérées par le groupe comme étant pertinentes. C'est-à-dire qu'il semble que la personne qui réussit à déclencher le rire des autres en présentant son idée la leur fait accepter assez facilement.
Y a-t-il dès lors une corrélation entre le fait de faire rire autrui et celui de lui faire accepter une idée neuve? Les deux chercheurs ne sont pas en mesure de l'affirmer catégoriquement, car leur échantillon était trop petit pour pouvoir l'affirmer. Cela étant, ils estiment qu'il semble bel et bien y avoir un «lien étroit» entre les deux.
Ce n'est pas tout. M. Bogers et Mme Heinemann ont encore mieux regardé les vidéos et ont remarqué quelque chose d'intéressant : le comportement particulier des employés de Lightoman.
Qu'ont-ils fait de spécial? Ceci :
> Ils ont été les seuls à faire des jeux de mots.
> Ils ont moins ri des blagues d'autrui que les autres.
«En agissant de la sorte, les employés de Lightoman cherchaient inconsciemment à se distinguer des autres membres du groupe. Ils envoyaient des signes selon lesquels ils étaient directement concernés, eux, par les idées trouvées : leur avenir professionnel s'en ressentirait», indiquent les deux chercheurs dans leur étude.