C’est l’hécatombe au bureau. Les microbes déciment les troupes malgré les mesures sanitaires que nous avons implantées dans notre îlot de travail : pas d’accolade, ni de poignée de mains au retour des fêtes. Alors nous avons échangé nos voeux à distance.
-«Hey, bonne année, je te souhaite de la santé, c’est le plus important! Alors ne me touche pas, vecteur de virus!»
L'initiative s'est révélée peu efficace. À peine arrivés de vacances, les gens ont commencé à puiser dans les congés de maladie.
S'ils tombent au combat malgré nos précautions, je soupçonne mes voisins de bureau d’avoir des soucis d’argent. Vous savez, le cordonnier mal chaussé… Vous devriez entendre ça, ça n’arrête pas de se vanter de leurs bons coups en Bourse. Mais ils parlent bien peu des titres désastreux (on les appelle «les chiens») qui minent les performances de leur portefeuille. Les gens sont souvent comme ça: ils pavoisent alors qu'au fond, il n'y pas de quoi se péter les bretelles.
C’est comme ceux qui se saignent pour acheter une maison manoir et qui la remplissent avec du mobilier colonial dépareillé acheté de seconde main. C’est beau en dehors, mais dedans, ça fait dur. Et ils se gardent bien d'inviter les gens à souper, question de sauver les apparences. D'ailleurs, ils n'auraient que des spaghettis à leur offrir. Ça jure un peu avec le garage double et la tourelle...
« Alors viennent les bobos pour faire la lumière sur cette imposture. Vous ne saviez pas? Les soucis financiers peuvent rendre malade. »
Alors viennent les bobos pour faire la lumière sur cette imposture. Vous ne saviez pas? Les soucis financiers peuvent rendre malade. Le Centre d’intervention budgétaire et sociale de Trois-Rivières a mené des études il y a déjà plusieurs années pour établir un lien entre la santé physique et la situation financière d’un individu. On est arrivé à la conclusion que 95% des gens surendettés (c’est beaucoup de monde) montraient des symptômes d’anxiété, contre 18 % dans la population en général. Et 94% disaient souffrir de problème de santé.
Pas étonnant, les anxieux seraient plus à risque d’accumuler de la graisse à l’abdomen puisqu’ils produisent à l’excès l’hormone du stress, le cortisol, selon d’autres études, dont celles menées par une éminence mondiale en la matière, la chercheuse québécoise Sonia Lupien. Et comme on sait, une surcharge pondérale, c’est le début des problèmes divers de santé.