Revenons maintenant au cas qui nous intéresse, celui du Canadien de Montréal. Qu’est-ce qui est le plus reproché à Pierre Gauthier? Une grossière erreur de recrutement : il a offert à Andrei Markov un contrat de trois ans et de 17,25 millions de dollars, alors que le genou blessé et fragile du défenseur russe commandait plus de prudence; et ce qui devait arriver est arrivé, Markov a raté les 68 premières parties de la saison.
Idem, M. Gauthier a piloté cette saison les recrutements de Chris Campoli et de Tomas Kaberle. Deux décisions amplement décevantes, du moins si j’en crois l’opinion avisée de mon collègue Marc Gosselin.
Sur quoi s’est basé M. Gauthier pour prendre de telles décisions d’embauche? Sur son expérience, j’en mettrais ma main au feu. Et donc, pas – à tout le moins pas assez – sur les statistiques. Il a fait l’erreur de regarder les performances récentes des joueurs recrutés. Il a fait l’erreur d’observer de ses propres yeux ces joueurs sur la glace. Il a fait l’erreur d’apprécier leur jeu à l’aune de sa propre manière de concevoir le jeu. Bref, il a fait l’erreur de ne pas confier les statistiques des joueurs à des algorithmes poussés, qui offrent l’avantage incontestable de ne pas être biaisés et d’être en mesure de prédire la performance future de chaque joueur.
L’avenir appartient-il par conséquent aux ordinateurs, en matière de direction des ressources humaines? Non, bien entendu. Ne me faite spas dire ce que je n’ai pas dit. Cela étant, il serait parfaitement envisageable de s’appuyer davantage sur les résultats aux tests auxquels sont soumis les candidats et sur le CV de ceux-ci et nettement moins sur – comme cela se passe dans la plupart des cas – l’impression que fait le candidat aux recruteurs qui l’ont reçu en entretien. Pas vrai?
En passant, Anaïs Nin a dit dans son Journal : «Quand on connaît un être à travers son œuvre, on a l’impression qu’il vivra éternellement»…