L’art de gagner est inspiré d’un roman signé par Michael Lewis, qui s’est appuyé sur la véritable histoire de Billy Bean. L’auteur dégage dans son ouvrage trois enseignements de cette histoire, en ce qui concerne le recrutement au sein d’une équipe. Trois enseignements qui sont parfaitement applicables au milieu du travail. Les recruteurs des grandes équipes se plantent parce que :
1. Ils ont été eux-mêmes des joueurs et se fient à leur propre expérience du jeu;
2. Ils se fient aux performances récentes du joueur qu’ils envisagent de recruter, alors que celles-ci ne prédisent en rien leur performance future (les deux ne sont pas corrélativement liés sur le plan statistique);
3. Ils se fient à ce qu’ils voient de leurs propres yeux, si bien que leur vision de la recrue potentielle est complètement biaisée.
On touche là le domaine de la psychologie cognitive. Lorsque nous prenons une décision importante, nous nous basons immanquablement sur nos idées préconçues, des idées défaillantes que l’on voile d’un terme plus joli, celui d’«expérience». Des études réputées de Daniel Kahneman l’illustrent à merveille, à propos des biais cognitifs et émotionnels qui sont à l’origine de certaines «anomalies» boursières. Elles lui ont d’ailleurs valu le prix Nobel d’économie en 2002.
C’est bien simple, nous sommes convaincus de faire le bon choix quand celui-ci est étayé par notre expérience, et pourtant, nous nous trompons dès lors lourdement.
Une anecdote révélatrice… Plusieurs orchestres symphoniques ont adopté une méthode originale pour recruter des musiciens. Ils font passer des auditions en plaçant les musiciens derrière une tenture noire. Qu’est-ce que ça change? Ils ont remarqué qu’ainsi ils se trompaient moins dans leurs choix, et – point curieux, mais instructif – qu’ils embauchaient de la sorte davantage… de femmes.