«En 1994, le président fondateur Ray Anderson a modifié la mission de son entreprise pour mieux refléter ses valeurs, qui vont bien au-delà des simples résultats financiers. En adoptant sa "Mission Zéro", Interface s'est engagée à éliminer tout impact négatif sur l'environnement d'ici 2020. Mais comment est-ce possible? C'est ici que le biomimétisme entre en jeu...
«Imaginez une surface en tapis. En général, pour que les joints ne soient pas apparents, il faut que les motifs soient parfaitement agencés, et s'il n'y a pas de motifs, la couleur doit être parfaitement homogène. En somme, la beauté réside dans l'uniformité.
«Mais, cette dernière a un coût, car si le tapis est tâché ou endommagé, il faut en remplacer une grande surface pour préserver l'uniformité. (...) Comment faire mieux?
«Pendant un atelier de biomimétisme qu'elle animait chez Interface, Janine Benyus a invité le designer David Oakey et son équipe à l'accompagner dans le boisé voisin pour répondre ensemble à la question "Comment la nature recouvre-t-elle les sols?"
«Si vous observez les feuilles d'automne à terre dans une forêt, vous constaterez qu'il n'y en a pas deux pareilles. De plus, si le vent les soulève, le sol ne changera pas vraiment d'apparence quand elles retomberont. C'est que les feuilles de différentes espèces d'arbres présentent des formes et des couleurs différentes, tout comme les pierres sont de couleurs et de tailles variées, ou encore les branches et les brindilles qui jonchent le sol sont de longueurs et de ramifications différentes ; les formes, les textures, les motifs, les couleurs sont tous uniques. la nature mise donc, elle, sur la diversité.
«Quand David Oakey est revenu à sa table de travail, il a conçu un nouveau concept de couvre-plancher, fait de carreaux aux couleurs et aux motifs distincts, à l'image des feuilles d'automne sur le sol du boisé voisin. Il l'a dénommé Entropy. Cette diversité permet de remplacer un carreau de tapis en plein milieu d'une pièce sans que rien n'y paraisse, et ce, même si les carreaux limitrophes sont plus usés que le nouveau. C'est tout simplement comme si on remplaçait une feuille sur le sol de la forêt. (...)
«En somme, viser l'uniformité comme c'était la coutume revenait à travailler contre la nature, et donc contre l'économie. (...)
«Claude Ouimet, vice-président principal et directeur général, d'Interface Canada et Amérique latine, dit que le biomimétisme a provoqué rien de moins qu'une transformation de la culture de l'entreprise. Celle-ci s'est effectuée principalement à deux niveaux :