Le temps des Fêtes arrive à grand pas, et - comme chaque année - vous vous demandez bien quoi offrir à vos proches, et en particulier quel livre les étonnerait, mieux encore, les épaterait. Pas vrai?
La bonne nouvelle du jour, c'est que j'ai une suggestion à vous faire à ce sujet. Une vraie belle suggestion. À savoir le livre qui, pour ma part, m'a vraiment marqué en 2015, en ce sens qu'une fois entre les mains, il est impossible de s'empêcher de le feuilleter, tant il est séduisant, et de ne pas y trouver des idées pétillantes d'intelligence. Bref, un livre on ne peut plus inspirant, et donc parfait pour démarrer 2016 du bon pied.
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Il s'agit de... L'Art d'imiter la nature (Éditions MultiMondes, 2015) d'Andrée Mathieu, professeure en développement durable à l'Université de Sherbrooke, et de Moana Lebel, son ancienne élève devenue directrice de l'Institut francophone de biomimétisme. C'est-à-dire d'un livre splendide (les illustrations sont à la fois magnifiques et pertinentes), mais surtout riche en enseignements applicables tant dans notre vie privée qu'au travail.
Quels types d'enseignements, au juste? Eh bien, ceux tirés du biomimétisme, soit cette méthode qui consiste à regarder et analyser les solutions trouvées par la nature pour répondre au mieux aux défis qu'elle rencontre jour après jour. Puis, à s'en inspirer pour relever à notre tour nos propres défis quotidiens.
Pour que vous saisissiez bien de quoi il est ici question, ja vais me faire un plaisir de partager avec vous un extrait tiré de L'Art d'imiter la nature, celui qui traite d'Interface, «une entreprise qui fait du biomimétisme au quotidien»...«Interface est une compagnie spécialisée dans le design, la fabrication et la vente de tapis modulaires, à savoir en carreaux. Elle possède des usines dans six pays et sa force de vente est présente sur les cinq continents. Ce qui distingue Interface, c'est son engagement et son leadership à l'égard du développement durable.
«En 1994, le président fondateur Ray Anderson a modifié la mission de son entreprise pour mieux refléter ses valeurs, qui vont bien au-delà des simples résultats financiers. En adoptant sa "Mission Zéro", Interface s'est engagée à éliminer tout impact négatif sur l'environnement d'ici 2020. Mais comment est-ce possible? C'est ici que le biomimétisme entre en jeu...
«Imaginez une surface en tapis. En général, pour que les joints ne soient pas apparents, il faut que les motifs soient parfaitement agencés, et s'il n'y a pas de motifs, la couleur doit être parfaitement homogène. En somme, la beauté réside dans l'uniformité.
«Mais, cette dernière a un coût, car si le tapis est tâché ou endommagé, il faut en remplacer une grande surface pour préserver l'uniformité. (...) Comment faire mieux?
«Pendant un atelier de biomimétisme qu'elle animait chez Interface, Janine Benyus a invité le designer David Oakey et son équipe à l'accompagner dans le boisé voisin pour répondre ensemble à la question "Comment la nature recouvre-t-elle les sols?"
«Si vous observez les feuilles d'automne à terre dans une forêt, vous constaterez qu'il n'y en a pas deux pareilles. De plus, si le vent les soulève, le sol ne changera pas vraiment d'apparence quand elles retomberont. C'est que les feuilles de différentes espèces d'arbres présentent des formes et des couleurs différentes, tout comme les pierres sont de couleurs et de tailles variées, ou encore les branches et les brindilles qui jonchent le sol sont de longueurs et de ramifications différentes ; les formes, les textures, les motifs, les couleurs sont tous uniques. la nature mise donc, elle, sur la diversité.
«Quand David Oakey est revenu à sa table de travail, il a conçu un nouveau concept de couvre-plancher, fait de carreaux aux couleurs et aux motifs distincts, à l'image des feuilles d'automne sur le sol du boisé voisin. Il l'a dénommé Entropy. Cette diversité permet de remplacer un carreau de tapis en plein milieu d'une pièce sans que rien n'y paraisse, et ce, même si les carreaux limitrophes sont plus usés que le nouveau. C'est tout simplement comme si on remplaçait une feuille sur le sol de la forêt. (...)
«En somme, viser l'uniformité comme c'était la coutume revenait à travailler contre la nature, et donc contre l'économie. (...)
«Claude Ouimet, vice-président principal et directeur général, d'Interface Canada et Amérique latine, dit que le biomimétisme a provoqué rien de moins qu'une transformation de la culture de l'entreprise. Celle-ci s'est effectuée principalement à deux niveaux :> Innovation et créativité. Chez Interface, l'idée qu'il puisse exister plusieurs bonnes solutions à un même problème s'est transmise à toute l'organisation. Ce qui a influencé autant la R&D que le design, la production, le marketing et les communications. Chacun s'est mis à faire preuve d'ouverture d'esprit.
> Collaboration. Le biomimétisme a permis à chacun de comprendre que la coopération entre les différents départements était plus efficace que la concurrence à l'interne. En misant sur la collaboration, tout le monde devenait responsable du produit fini, contrairement à l'ancienne façon de procéder qui incitait les équipes à optimiser les résultats individuels et même à désigner un coupable ailleurs lorsqu'un problème se présentait. (...)
«Et M. Ouimet de souligner : "Les gens ne veulent plus être gérés ou guidés par la main, ils veulent être inspirés". Et de fait, la nature est sûrement la source d'inspiration la plus fiable. [Pour preuve], la transformation d'Interface lui a permis de se différencier positivement dans son secteur d'activités, à tel point que ses concurrents ont mis plus d'une année à y réagir : aujourd'hui, le succès d'Interface a radicalement changé les façons de faire dans toute l'industrie.»
On le voit bien, nous avons tous à gagner à chercher l'inspiration dans les merveilles de la nature. Et ce, en nous montrant humble face à ses prouesses «issues de 3,8 milliards d'années d'expérimentation à coups d'essais-erreurs», comme aime à le dire Mme Lebel.
«La nature n'est certainement pas qu'un simple catalogue de solutions techniques, est-il souligné dans le livre. Et le biomimétisme, pas juste la transposition de solutions élaborées par des êtres vivants : des militaires, par exemple, pourraient concevoir une arme imitée de la nature, mais cela ne correspondrait en rien aux valeurs fondamentales du biomimétisme.
«C'est pourquoi Janine Benyus et le Biomimicry Institute considèrent que le biomimétisme doit impérativement reposer sur trois piliers : l'éthos, la reconnexion et l'émulation. Des piliers que voici :> Éthos. Le destin des êtres humains est lié à celui des autres espèces, et cette conviction constitue l'éthos du biomimétisme. [Il est fait de vertus comme la joie et le courage qui, considérées d'un point de vue moral, ont donné ce qu'on appelle aujourd'hui "l'éthique", dans un sens large.]
> Reconnexion. L'industrialisation, la vie urbaine et une certaine philosophie de la science ont contribuer à distancier les êtres humains de la nature. Le biomimétisme nous invite à nous reconnecter avec notre besoin inné de vivre en harmonie avec elle. L'entomologiste et biologiste américain Edward Wilson a donné le nom de "biophilie" à ce sentiment hérité de notre évolution biologique et qui explique pourquoi les expériences de contact que nous avons avec la nature ont des effets psychologiques si bénéfiques pour nous.
> Émulation. Elle découle de notre capacité de reconnaître le génie fonctionnel de la nature et à l'imiter, en toute humilité. [Elle provient de notre besoin viscéral d'améliorer sans cesse notre situation et celle des autres au sein de l'écosystème - à la maison comme au travail - dans lequel nous évoluons au quotidien.]
«L'éthos, la reconnexion et l'émulation sont les trois semences à la base de la philosophie du biomimétisme, qui nous invite à passer à l'action et à améliorer nos pratiques afin de concevoir un monde plus propice à l'essor de tous les êtres vivants. À l'image de ce que disait Mgr Félix-Antoine Savard, le "poète de Charlevoix" : "L'espoir de l'avenir, il est dans la nature et dans les hommes qui restent fidèles à la nature".»
Voilà. Je suis convaincu que nos lieux de travail et le quotidien que nous y connaissons gagneraient énormément à s'inspirer de la nature. Et en conséquence, à cultiver l'art du biomimétisme, en ayant toujours en tête les trois piliers que sont l'éthos, la reconnexion et l'émulation. Que ce soit à l'échelle d'un modeste projet d'équipe ou à celle de l'activité principale de l'entreprise. Qu'en pensez-vous?
Oui, voilà pourquoi je vous suggère, du fond du coeur, d'offrir à l'occasion de Noël ce livre si inspirant à ceux qui vous sont chers. Un livre qui peut changer une vie. Vraiment.
En passant, le poète grec Théocrite a dit dans ses Idylles : «Le cadeau, dira-t-on, n'a rien de somptueux. Mais venant d'un ami, tout nous est précieux».
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