Imaginons deux personnes, A et B, qui jouent à un jeu de stratégie pure. Chacune doit faire un choix : coopérer avec l'autre (X), ou au contraire refuser de coopérer avec elle (Y). Il y a donc quatre types de combinaisons possibles liés aux attitudes choisies par A et B :
1. A et B coopèrent tous les deux (X, X);
2. A choisit de coopérer (X), mais pas B (Y);
3. B choisit de coopérer (X), mais pas A (Y);
4. Ni A ni B ne coopère (Y, Y).
Disons maintenant que des récompenses sont attribuées en fonction des attitudes adoptées par A et B. Et que le but est pour chacun, bien entendu, de s'en sortir avec la récompense la plus élevée possible. Ce qui donne ceci :
1. A gagne 2 points, B gagne aussi 2 points (soit 2,2);
2. A gagne 1 point, B gagne 3 points (1,3);
3. A gagne 3 points, B gagne 1 point (3,1);
4. Là, normalement, A et B devraient être tous deux perdants. Mais la trouvaille de Gambetta & Origgi est justement qu'il peut arriver un cas de figure particulier où, étrangement, chacun considère comme une bonne chose que l'autre perde et se moque, dans le fond, de perdre lui aussi du même coup. Résultat? A empoche dès lors 4 points, et B aussi (4,4).
Paradoxal, n'est-ce pas? Il peut donc arriver que deux personnes cherchent à perdre au lieu de gagner, pourvu que leur perte entraine automatiquement celle d'autrui. Et c'est ce point-là qui a fasciné M. Bellanca et Mme Innocenti, lesquels se sont dit que cela pouvait peut-être expliquer la curieuse attitude des Italiens face à la crise économique actuelle.