Autrement dit, ils n'ont aucune idée de ce que c'est que de travailler ailleurs et autrement, et donc aucun a priori. Ils ont bien conscience qu'ils ont de très bonnes conditions de travail et de très bons salaires chez Google, mais cela ne les empêche pas de se dire qu'œuvrer ailleurs et autrement pourrait être tout aussi intéressant pour eux. Car, on le sait bien, il est primordial pour la génération Y de tripper au travail; et si l'on trippe un jour chez Google, on peut très bien tripper tout autant le lendemain sur un autre projet, dans un autre cadre, avec d'autres personnes.
Le terme est lâché : génération Y. Telle est la clé du mystère, d'après moi. C'est que les jeunes de cette génération-là ont des valeurs qui leur sont propres, selon la sociologue Monique Dagnaud, directrice de recherche au CNRS et auteure de Génération Y – Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion (Les Presses de Science-Po, 2012) :
> Le DIY. C’est le Do It Yourself, qui se traduit souvent par une grande capacité à s’organiser avec d’autres pour mener à bien un projet soi-même, sans passer par des instances en place. Et souvent, sans leader traditionnel.
> Le partage. Leur engouement pour les réseaux sociaux et le peer to peer en est l’expression la plus évidente.
> L’optimisme. «Ces jeunes sont pessimistes sur la société et son avenir, mais restent optimistes pour eux-mêmes. Ils auraient de quoi baisser les bras, mais gardent beaucoup de vitalité», explique Mme Dagnaud.
> Le Lol. «La culture du Laughing out loud est très tonique, même si parfois potache. Ça reste une forme de résistance, une façon de se moquer du monde, y compris de soi-même. Cette génération a du tonus, de la réactivité, une capacité à rire, de l'ironie sur le monde. C'est une force.»
Mais surtout, ils apportent une toute nouvelle vision du travail et de l’entreprise :