Ainsi, M. Mootee indique dans l’un de ses articles que le brainstorming – cette technique pour trouver des idées neuves mise au point par Alex «Adman» Osborn, le cofondateur de BBDO, dans les années 1950 – est aujourd’hui obsolète. Et donc qu’il est grand temps de passer à autre chose si l’on veut réellement innover.
Pourquoi cela? Parce que nombre d’études le disent depuis déjà quelques temps. Par exemple, Paul Paulus, un professeur de psychologie à l’University of Texas, a demandé à des groupes de quatre personnes de trouver des idées neuves, pour les unes en recourant au brainstorming, pour les autres, en réfléchissant chacune de leur côté, et a comparé la quantité et la qualité des idées ainsi trouvées ; résultat : la performance de ceux qui ont recouru au brainstorming était moitié moins bonne que celle des autres. Idem, David Sloan Wilson, professeur de biologie et d’anthropologie à la Binghamton University, s’est penché scientifiquement sur le brainstorming dans son ouvrage Evolution for everyone et en a tiré la conclusion que cette technique ne porte fruit que dans un cas, à savoir quand le défi à relever fait carrément tripper tous les participants (ce qui, vous l’admettrez comme moi, est rarissime…).
M. Mootee avance plusieurs raisons expliquant l’échec annoncé de tout brainstorming. Parmi celles-ci, le fait qu’une telle réunion est excessivement complexe à gérer. «Quand la réunion est mal gérée, les participants se mettent vite à penser à autre chose que le problème à résoudre. Il arrive, par exemple, que le sujet de discussion soit détourné par une personne qui veut prouver aux autres qu’elle a raison. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un excellent animateur. Quelqu’un qui sait garder l’attention de tout le monde, qui sait dynamiser les échanges, qui sait aussi laisser tout le monde souffler un peu avant de redonner un coup de collier», explique-t-il, en soulignant que l’on peut comparer l’animateur à «un chef d’orchestre maître dans l’art de décourager la critique, ou toute autre attitude négative, pour accorder toute la place au plaisir d’innover ensemble».
Le hic? Avez-vous déjà rencontré un tel animateur? Je mettrais ma main au feu que non… «L’erreur fondamentale du brainstorming, c’est son présupposé que les idées neuves préexistent, qu’elles sont déjà là, parcellaires, enfermées dans différents cerveaux, et qu’il suffit donc de réunir ces cerveaux pour voir le puzzle prendre forme comme par magie. C’est triste, mais cette image ne colle pas à la réalité», dit-il.
D’où l’intérêt d’adopter une approche différente en matière d’innovation. M. Mootee suggère de commencer par soi, de prendre quelques nouvelles habitudes qui favoriseront le développement de la capacité que nous avons tous de saisir les bonnes idées au vol. En voici cinq :