Ce n’est pas tout! MM. Bell, Brooks et Markham sont allés plus loin, en regardant s’il était possible de prévoir la performance à venir de l’entraîneur, et par suite de son équipe. Et ils sont arrivés à la conclusion que «oui», cela était tout à fait possible.
Pour cela, il suffit d’appliquer leur modèle de calcul à partir du moment où au moins 10 matchs ont déjà été joués. Un exemple lumineux : Arsène Wenger, l’entraîneur français d’Arsenal, affiche une performance de 95% supérieure à la moyenne des autres entraîneurs au bout de 10 matchs, et de 99% supérieure au bout de 15 matchs.
Par conséquent, il est bel et bien envisageable d’anticiper la performance d’un entraîneur! Oui, on peut dire, grâce à ce savant modèle de calcul, si un entraîneur est voué à l’échec. Et donc s’il convient de le virer au plus vite, avant même qu’il se soit planté.
Les trois chercheurs se sont ainsi amusés à refaire l’histoire, en prouvant, chiffres à l’appui, que trois entraîneurs auraient mérité d’être renvoyés sans attendre, soit Steve Wigley (Southampton, 2004/05), Mick McCarthy (Sunderland, 2005/06) et Aidy Boothroyd (Watford, 2006/07). Idem, ils indiquent quels entraîneurs ont été virés trop tôt, alors qu’ils étaient voués à connaître le succès : Glenn Roeder (Newcastle United, 2006/07), Chris Coleman (Fulham, 2006/07), Martin Jol (Tottenham Hotspur, 2007/08), Avram Grant (Chelsea, 2007/08) et Sven-Göran Eriksson (Manchester City, 2007/08).
Impressionnant, n’est-ce pas? Pour l’anecdote, ils précisent que leur modèle de calcul est parfaitement applicable à d’autres domaines. On pourrait se demander ce que ça donnerait si on faisait l’exercice sur la Ligue nationale de hockey, et en particulier, sur Jacques Martin, l’entraîneur-chef des Canadiens… Qu’en pensez-vous?
Quant à ceux qui se piquent de management et de leadership, l'interrogation est de savoir si l'on peut appliquer tout cela à l'univers de l'entreprise. Quand on a un nouveau boss, peut-on prédire s'il va mener l'équipe au succès ou droit à l'échec? Même chose quand c'est vous, le nouveau boss…
La réponse? Elle vous appartient. Libre à vous de concocter une liste de variables pertinentes, et d'appliquer le modèle de calcul des chercheurs britanniques. Ou de demander à un expert en statistique de le faire pour vous.
Cela étant, on peut retenir une chose de cette étude : le leader compte. Qu’il soit bon ou mauvais, il a une influence indéniable sur la performance de son équipe. Une influence «majeure et directe», pour le meilleur et pour le pire.
En passant, Winston Churchill aimait à dire : «Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme»…