Ainsi, l'Empire américain ressemble beaucoup à l'Empire romain d'antan, au moment où celui-ci était en train de chuter. Il pense toujours qu'il est en train de triompher, constatant que tout le monde veut être Américain aujourd'hui, ou à tout le moins Occidental. Mais il se met le doigt dans l'œil, car il refuse de voir que le pouvoir réel lui échappe peu à peu : «Au temps des Romains, le centre de gravité du monde correspondait géographiquement à la Méditerranée. Puis, au fil des siècles, il a glissé vers le Nord de l'Europe. Puis, vers les États-Unis. Et maintenant, vers le Pacifique», a-t-il indiqué.
Deux scénarios sont dès lors envisageables pour les prochaines décennies, selon M. Attali :
> Le chaos planétaire. «La globalisation pourrait mener à la somalisation du monde, c'est-à-dire à la généralisation de ce à quoi on assiste en Somalie : une zone économique dépourvue d'État de droit et de gouvernement», a-t-il dit, en soulignant que l'on pourrait alors assister à des guerres ouvertes entre nations «civilisées» et États «voyous». Et d'ajouter : «Ce scénario est vraisemblablement celui qui se produira».
> Le repli sur soi. «Face au danger, on a souvent le réflexe de se replier sur soi pour se protéger. Et on se coupe ainsi des autres, laissant les plus faibles à leur sort», a-t-il poursuivi, mais sans croire que cela puisse arriver à l'échelle de la planète.
L'optimisme, dans tout ça? «L'être humain n'a jamais longtemps sombré dans l'égoïsme. Il a, en général, tendance à pratiquer l'altruisme intéressé, soit à coopérer avec les autres parce qu'il sait que cela est tout à son avantage personnel», a-t-il dit, indiquant par-là une troisième voie envisageable.
D'ailleurs, dans un post de son blogue du magazine L'Express datant du 17 janvier dernier, Jacques Attali avait déjà affiché la couleur. Le titre de ce post disait tout : «Positivez!»