La réponse à toutes ces interrogations, je les ai trouvées dans une étude passionnnante intitulée Dominance and submission : social statuts biases economic sanctions, signée par deux chercheures suédoises, Emma von Essen, de la Stockholm University, et Eva Ranehill, de la Stockholm School of Economics. Celles-ci se sont demandées si un comportement qui sortait des normes établies était perçu différemment si le coupable était, d’une part, du même sexe que le nôtre ou pas, et d’autre part, du même statut social que le nôtre ou pas.
Ainsi, elles ont procédé à une variante du fameux jeu du dictateur – un jeu très simple souvent utilisé en économie expérimentale –, qui consiste à attribuer une certaine somme d’argent à un joueur A (le dictateur), lequel est chargé de reverser la somme de son choix à l’autre joueur, B, qui est totalement passif. On pourrait croire a priori que A, totalement rationnel, n’a aucun intérêt à donner quoi que ce soit à B; mais dans la réalité, A donne toujours un peu de son argent (les femmes sont d’ailleurs moins égoïste que les hommes, à ce petit jeu…). L’intérêt? C’est semble-t-il la preuve que l’homo economicus n’est qu’une fiction théorique…
La variante? Un troisième joueur est intégré dans le jeu du dictateur, C, qui a le rôle du juge, en ce sens qu’il sanctionne l’attitude de A envers B. Concrètement, A recevait au départ 100 couronnes suédoises, B rien, et C 50 couronnes. A pouvait donner à B au maximum la moitié de son argent. Et C devait payer pour sanctionner A, le principe étant que chaque couronne déboursée par C permettait d’éliminer 3 couronnes de A. De son côté, B évaluait à l’avance le degré de la sanction qu’imposerait C à A, compte tenu du versement qu’il avait reçu.