Quelle distinction font-ils entre une décision «risquée» et une autre «hasardeuse»? D'après eux, une décision est risquée quand elle s'accompagne d'une probabilité déterminée à l'avance de mener à l'échec (ex.: je sais que j'ai 30% de chances de me casser une jambe si je saute du haut de ce mur). Et une décision est hasardeuse quand la probabilité d'échouer est elle-même incertaine (ex.: j'ai entre 10 et 50% de chances de me casser une jambe si je saute du haut de ce mur).
Les trois chercheurs ont tout d'abord établi un modèle économétrique visant à prédire le comportement des gens se trouvant dans de telles situations. Celui-ci permettait de voir s'il valait mieux, en général, décider vite ou pas quand il nous fallait prendre une décision risquée ou hasardeuse. Puis, ils ont vérifié la validité de leur modèle en l'expérimentant en laboratoire.
Ils ont demandé à 37 étudiants de l'Université Tilburg de se prêter à un petit jeu leur permettant de gagner de l'argent de poche. Il s'agissait de miser par ordinateur une somme d'argent fictive de manière à la faire fructifier le plus possible, et ce, en effectuant 30 mises d'affilée.
Chaque participant disposait de 10 euros au départ. Chacun savait qu'à partir du moment où il appuyait sur la touche «Enter», il avait un maximum de 3 secondes pour effectuer sa mise, en cliquant encore une fois sur «Enter». Et chacun savait que plus il laissait filer le temps, plus la somme empochée était élevée (elle progressait sous ses yeux à un rythme régulier tous les dixièmes de secondes).
Le hic? L'ordinateur pouvait mettre brutalement fin au compteur avant l'échéance des 3 secondes. Pour la moitié des participants, leurs décisions étaient «risquées», c'est-à-dire qu'ils savaient avant chaque partie la probabilité exacte que l'ordinateur y mette fin avant l'échéance, n'importe quand. Pour l'autre moitié, leurs décisions étaient carrément «hasardeuses», ne disposant que d'une fourchette de probabilités. Bien entendu, si le délai pour miser était expiré, le joueur ne gagnait rien, et perdait donc une possibilité de faire fructifier son argent.
Qu'ont tiré les trois chercheurs de cette expérience? Plusieurs choses intéressantes :